Les chiffres de cette guerre à huis clos sont alarmants. Déjà confronté à une grave crise alimentaire et sanitaire, le Yémen est désormais la cible, depuis mars 2015, d’une coalition menée par l’Arabie Saoudite. Une intervention qui a clairement aggravé la situation du pays le plus pauvre de la péninsule arabique. Après deux années de bombardements de la coalition, les chiffres sont catastrophiques… Selon l’ONU, il y aurait eu 10 000 civils tués, dont 1400 enfants, depuis le début du conflit. A ce chiffre viennent s’ajouter les victimes liées aux blocus maritime et aérien imposés par Ryad. Selon Joanne Liu, présidente internationale de Médecins sans frontières (MSF), ce blocus « tue autant que le conflit » armé. Ce blocus empêche l’acheminement des médicaments, mais aussi de denrées alimentaires, à destination d’un pays presque totalement dépendant de ses importations, dont la majeure partie arrivait par le port de Hodeida, bombardé par la coalition. Et la situation risque d’arriver à son paroxysme dans les mois à venir, car les stocks de blé du pays devraient être épuisées très prochainement, les banques étrangères n’ayant plus la possibilité d’effectuer des transaction financières avec les banques du pays, d’après Stephen O’Brien, patron des opérations humanitaires de l’ONU. « Sans action immédiate, la famine est un scénario possible pour 2017 », indique-t-il. Et les enfants en seraient les premières victimes. Dans ce contexte, le lourd silence de la communauté internationale étonne. Jusqu’où va aller cette indifférence générale ? Ce pays dans lequel « un enfant meurt toutes les dix minutes de maladies qui peuvent être évitées, comme la diarrhée, la malnutrition et les infections respiratoires », selon l’UNICEF, est au bord du chaos. Pire : la France, les Etats-Unis ou encore l’Angleterre apportent un soutien technique et militaire à leur fidèle allié, l’Arabie Saoudite. Comment expliquer ce soutien alors que ce pays ne respecte pas le droit international ? La diplomatie française se résumerait-elle aux seuls commandements économiques et militaires ?