L’ONG Disclose estime que « certains secrets méritent d’être révélés. » Alors quand, en octobre 2018, elle reçoit quinze pages d’un rapport classé « confidentiel défense » sur les armes françaises vendues à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, l’ONG n’hésite pas à porter à la connaissance du public le contenu de ces notes. « Nous considérons en effet que leur publication est commandée par la nécessité d’ouvrir un débat équilibré sur les contrats d’armements liant l’Etat français à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis », écrit Disclose sur son site.

Une volonté de dévoiler des informations confortée par un fait : la France a cherché à dissimuler l’utilisation de l’armement fabrique dans l’Hexagone au Yémen. En effet, le document est issu d’une réunion qui a eu lieu en septembre dernier. Le président Macron était alors mis au courant de l’utilisation des armes françaises sur le théâtre de guerre yéménite. L’ONG précise qu’une note de synthèse, de laquelle ont disparu les informations compromettantes, a ensuite été envoyé à plusieurs ministères.

Des révélations qui résonnent d’une étrange façon lorsqu’on se souvient des propos de la ministre des Armées, Florence Parly qui, en janvier dernier, assurait n’avoir « pas connaissance du fait que des armes (françaises) soient utilisées directement au Yémen. » Un mensonge qui, s’il était assez facile à démonter, pouvait encore bénéficier d’un faisceau de présomption d’innocence.

Le document révélé par Disclose est cette fois sans appel : les chars Leclerc, les obus flèche, les Mirage 2000-9, les radars Cobra, les blindés Aravis, les hélicoptères Cougar et Dauphin, les frégates de classe Makkah, les corvettes lance-missiles de classe Baynunah ou encore les canons Caesar sont bel et bien utilisés potentiellement contre les populations civiles au Yémen.

Et les autorités françaises sont parfaitement au courant : la Direction du renseignement militaire indique par exemple que 48 canons français sont déployés le long de la frontière avec le Yémen, ils servent à accompagner l’offensive de la coalition. Problème : malgré cela, la France continue son commerce avec les EAU et l’Arabie saoudite. Mais elle ne pourra cette fois plus dire qu’elle ne savait pas…