« Nous voulons qu’Emmanuel Macron évoque les violations des droits de l’Homme en Chine. Ce n’est pas du tout à l’agenda », a déclaré hier à l’AFP une jeune Tibétaine manifestant avec près d’un demi-millier de personnes sur le Parvis des droits de l’homme, près de la Tour Eiffel, à Paris.

Au même moment, à quelques centaines de mètres de là, le président Xi était reçu par le président français Emmanuel Macron pour une visite à caractère essentiellement commercial.

Les Tibétains viennent de commémorer le 60e anniversaire de la « colonisation du Tibet par la Chine » et la fuite du Dalaï Lama de Lhassa, le 17 mars 1959.

Lundi à Paris, les Tibétains ont été rejoints par des Ouïghours, des musulmans turcophones qui dénoncent régulièrement leur « persécution » par Pékin.

« Stop au génocide »; « Justice pour les Ouïghours »; « Europe stands with Tibet » (L’Europe aux côtés du Tibet), pouvait-on lire sur les banderoles et pancartes brandies ce lundi par les manifestants, nombre d’entre eux arborant des drapeaux tibétains et ouïghours.

« Les bénéfices économiques passent devant les droits de l’Homme car personne ne veut froisser la Chine. Personne n’ose s’interposer », a ajouté la militante tibétaine en manteau traditionnel, préférant conserver l’anonymat par peur de répercussions.

« On espère faire en sorte qu’Emmanuel Macron cesse de passer à la trappe la question des droits humains », ajoute Jade Dussart, responsable programme Asie à l’ACAT, ONG chrétienne contre la torture et la peine de mort.

« On a constaté un net recul de la France de ce point de vue, particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron », a-t-elle ajouté lors d’une autre manifestation en soirée, également sur le parvis des droits de l’homme à Paris, et qui a réuni une centaine de personnes : des militants, des chrétiens chinois dénonçant la « persécution religieuse » et des Ouïghours.

« Nous demandons au président Macron justice pour les Ouïghours », a expliqué une militante, brandissant une pancarte exigeant que la Chine « dégage du Turkestan oriental », nom donné par les Ouïghours à leur province du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine.

« Trois millions de Ouïghours sont dans des camps de concentration dignes des camps nazis », a-t-elle dénoncé, souhaitant elle aussi préserver son anonymat.