Dans une note adressée à des hauts responsables français, le Service central du renseignement territorial estime que les islamistes ont favorisé le vote en faveur de Mélenchon lors de la présidentielle.
Les services de renseignement français craignent-ils qu’un jour, le roman de Michel Houellebecq « Soumission » ne devienne réalité ? En tout cas, le Service central du renseignement territorial (SCRT) s’est intéressé, dans une note confidentielle, aux « influences islamistes dans le cadre du processus démocratique » en France. Europe 1 a pu lire cette note confidentielle qui passe, sans transition, du « vote musulman » lors de la dernière présidentielle à l’influence des islamistes dans le processus électoral.
Pour rappel, les statistiques ethniques sont illégales en France. En 2007, le Conseil constitutionnel jugeait illégale la « conduite d’études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l’intégration ».
Lassitude après des tonnes de discours islamophobes
Pourtant, la note confidentielle du SCRT existe bien. Si elle enfonce parfois des portes ouvertes, en affirmant que le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a bénéficié du fameux, et très convoité, « vote musulman » lors de la présidentielle, le dirigeant politique le devrait en partie… aux islamistes.
Les islamistes, indique Europe 1, sans définir réellement qui ils sont, ont « clairement tenté de peser dans la campagne », selon la note qui s’aventure dans la caricature : « Les prises de position de Jean-Luc Mélenchon sur la loi séparatisme lui ont attiré les faveurs de nombreux influenceurs communautaristes », peut-on lire. Une lecture étonnante, alors qu’il suffirait de résumer le vote en faveur de Mélenchon comme une réponse aux discours antimusulmans d’une partie de la droite et de La République en marche.
Là où la note est intéressante, c’est qu’elle admet que Mélenchon est le principal bénéficiaire d’un « débat quasi-permanent » sur l’islam qui a favorisé, pendant un an et demi, « l’expression d’idées hostiles à l’islam et aux musulmans » et aurait « suscité la lassitude mais aussi la colère de fidèles s’estimant stigmatisés ».
Qui sont ces dangereux « islamistes » ?
La partie sur l’islamisme est, elle, largement plus discutable. Car qui sont ces islamistes qui auraient influencé le « vote musulman » ? Le SCRT cite Rafik Chekkat, membre de l’association Agir contre l’islamophobie, Siham Assbague, Vincent Souleymane ou encore l’imam Farid Slim. Sans doute pour plaire à Darmanin, la note pointe également le Collectif contre l’islamophobie (CCIE), l’ex-CCIF, ou encore Feïza Ben Mohamed. Tous seraient des islamistes en puissance. Mais, précise le service de renseignement, « les influenceurs fréristes n’iront pas vers une alliance durable avec LFI, qui restera toujours trop républicaine à leurs yeux ».
Autrement dit, tant qu’ils votent, les musulmans restent, pour les institutions étatiques, des musulmans « modérés ». Ouf.