La venue du maréchal Sissi à Paris n’y aura rien changé. Hésitant à honorer une commande de douze Rafale passée par l’Egypte à cause d’une demande de la part du Caire d’échelonner la facture, la France a finalement décidé de faire confiance à son allié égyptien. Rebelote, donc : comme lors des précédentes ventes d’armement à l’Egypte, les autorités d’al-Sissi pourront payer par facilités de paiement.

Et qu’importe si l’Egypte vit sa « pire crise des droits humains depuis des décennies », comme l’indiquaient les ONG fin octobre à Emmanuel Macron. Les vies des égyptiens et leurs libertés valent moins que les dividendes des actionnaires de Dassault et ses fournisseurs. La France est bien décidée, comme elle l’a commencé depuis deux ans, à aider l’Egypte à moderniser son arsenal militaire et armer une dictature.

Dassault Aviation a l’autorisation de Bercy pour négocier

Entre 2014 et 2016, la dictature égyptienne a été l’un des partenaires privilégiés de la France, avec près de 7 milliards d’euros de contrats passés. Dassault Aviation va pouvoir mettre encore un peu plus de beurre dans les épinards en vendant son Rafale à Sissi. Et ce grâce au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui, selon La Tribune, a couru au Caire pour annoncer lui-même la nouvelle aux autorités égyptiennes.

Le journal économique précise cependant que l’accord de Bercy à la négociation entre la France et l’Egypte ne signifie pas pour autant la finalisation du contrat. En effet, il faudra encore quelques semaines de discussions pour arriver à un accord commercial. Mais on n’en est pas très loin semble-t-il.

Ce déblocage des négociations par Bercy s’appuie sur les prévisions de croissance de l’Egypte, qui sont estimées à 6 % pour cette année. Les droits humains en Egypte, eux, semblent être le cadet des soucis de la France. Emmanuel Macron n’a pas voulu embarrasser le maréchal al-Sissi lors de sa dernière visite en France avec ce sujet. 

A l’échelle mondiale, la France fait partie des cinq pays qui tiennent à eux seuls 75 % du marché de l’armement.