Le Premier ministre a donné, devant les Amis du Crif, son avis sur la laïcité. Il désavoue son Observatoire de la laïcité, auquel il devrait mettre fin très prochainement.

Lors d’une conférence-débat à Paris organisée par les Amis du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France, Manuel Valls est allé faire le procès de l’Observatoire de la laïcité, un organisme placé sous sa responsabilité. Au gouvernement, on ne lave plus le linge sale en famille. Depuis plusieurs jours, l’Observatoire de la laïcité subit les foudres de certains politiques et intellectuels. La raison ? Une sortie de Nicolas Cadène, le rapporteur de l’observatoire, avait reproché à Elisabeth Badinter d’avoir sapé le travail de son organisation.

Elisabeth Badinter, l’intouchable ?

Un simple rappel à la laïcité qui était mal passé. Manuel Valls l’a d’ailleurs rappelé : « Un collaborateur d’une organisation de la République ne peut pas s’en prendre à une philosophe comme Elisabeth Badinter », a affirmé le Premier ministre. Sauf qu’Elisabeth Badinter avait tenu des propos faux à propos des lois de la République, déclarant que « dans les lieux publics, et en particulier dans les écoles, on doit observer une neutralité. » Ce à quoi Nicolas Cadène avait simplement répondu : « Faux. Seuls les fonctionnaires sont soumis à la neutralité », parlant d’un « bien mauvais rappel sur la laïcité. » Manuel Valls a, lui, salué la « défense intransigeante de la laïcité » faite par la philosophe.

Mais a priori, on ne badine pas avec Elisabeth Badinter. Même si c’est pour lui dire qu’elle dit n’importe quoi. La sortie de Manuel Valls est étonnante : devant une organisation, un conseil qui représente des institutions religieuses, le Premier ministre a achevé la laïcité. Les jours de l’Observatoire de la laïcité semblent désormais comptés. « Je verrai bientôt Jean-Louis Bianco (le président de l’observatoire, ndlr). L’Observatoire de la laïcité, placé d’ailleurs sous ma responsabilité – je lui rappellerai –, ça ne peut pas être quelque chose qui dénature la réalité de cette laïcité », a prévenu le Premier ministre.

Manuel Valls a une définition biaisée de la laïcité.

Un appel à l’union qui a déplu à Valls

Manuel Valls reproche à son observatoire d’avoir signé une tribune intitulée « Nous sommes unis », dans Libération, avec 80 personnalités. « Des responsables associatifs, des leaders politiques, des intellectuels, de toutes confessions appellent à ne pas tomber dans le premier piège tendu par le terrorisme : la division », écrivait alors le quotidien. Parmi ces personnalités, des militants réputés proches des Frères musulmans. « On ne peut pas signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme, avec des organisations que je considère comme participant » à ce climat de terreur, a indiqué Manuel Valls.

Dans cette tribune, on pouvait lire : « Un piège nous est tendu ! Nous devons refuser d’y succomber ! La division, la délation, la stigmatisation sont au cœur de ce piège sournois. » Ce piège, Manuel Valls semble avoir plongé dedans, ce mardi 19 janvier, en stigmatisant l’Observatoire de la laïcité, qui apporte pourtant une vraie réponse aux polémiques sur la laïcité. « En ce moment on a une crispation qui se fait sur ces questions-là, aussi bien sur la kippa que sur le foulard, et cette crispation est dangereuse car elle peut conduire à des excès », déclarait Jean-Louis Bianco sur i>Télé. Le Premier ministre n’a semble-t-il pas saisi toute la dimension de la laïcité. Et la fin annoncée de l’Observatoire risque de participer un peu plus à mettre un peu plus en péril la République.

Observatoire laïcité: Valls tacle les responsables (ici)

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