Une école musulmane, à Villeurbanne, n’a pas pu accueillir ses élèves. A Valence, une autre école, qui voulait s’agrandir, est victime de l’islamophobie de sa préfète.
Alors que les yeux étaient, ce week-end, rivés sur la manifestation s’opposant à la décision du Conseil d’État d’expulser Hassan Iquioussen, plusieurs événements tragiques ont à nouveau été à déplorer pour la communauté musulmane de France. Outre l’incendie, probablement criminel, de la tente-mosquée de Rambouillet, plongeant ainsi les fidèles de la ville des Yvelines dans l’inconnu, deux autres événements ont marqué les esprits, mais ont finalement été peu relayés.
Du côté de Villeurbanne, tout d’abord. Comme l’indiquait, samedi, Lyon Mag, « il n’y a pas eu de rentrée cette semaine à El Qarni. Et pour cause, l’école privée musulmane, fréquentée par une centaine d’élèves de primaire, a été interdite d’ouverture par la préfecture.
L’arrêté préfectoral, qui date de la fin du mois d’août, reproche à El Qarni d’avoir des classes en non conformité avec les standards exigés par l’Éducation nationale.
Après le passage de la commission de sécurité du SDMIS, qui a relevé de graves manquements concernant le chauffage, l’isolation et le gaz, la direction de l’école a préféré déménager à Vaulx-en-Velin. Mais les autorités compétentes ont là encore estimé que les normes n’étaient pas respectées.
Si l’école rouvrira lorsque la commission de sécurité sera satisfaite, les élèves ont été redirigés vers d’autres établissements.
Discriminations à Valence ?
Plus grave, car il représente la volonté de l’État de mettre des bâtons dans les roues des musulmans : à Valence, l’association « valeurs et réussite », qui dirige l’école musulmane de la ville, devait s’agrandir et avait eu l’autorisation d’acheter un terrain municipal. Mais en juillet, une campagne de presse a changé les plans de la mairie : « La ville de Valence (Drôme) va-t-elle vendre un terrain municipal à une association proche du mouvement des Frères musulmans ? », demandait France Bleu. La faute à un article de Charlie Hebdo, le 21 juillet dernier, sur le sujet.
Pourtant, l’école avait obtenu un avis favorable de l’inspection d’académie et tout était bien parti pour que rien ne pose problème. Jusqu’à cet article de Charlie Hebdo, donc… Car la Préfète de la Drôme a invité la ville de Valence à annuler la vente du terrain municipal.
Bien sûr, la représentante de l’État s’appuie sur un arsenal juridique complexe : le terrain faisant partie du domaine public, il ne peut donc être vendu en l’état. Sauf que, comme le rappelle le président de l’association Mourad Jabri à France Bleu, il s’agit d’un simple terrain vague, que personne n’utilise. « Si ça avait été un parc, un parking ou un espace de jeux pour les enfants, il aurait pu être dans le domaine public mais là il n’y a aucune raison pour qu’on statue comme la préfète le dit », explique-t-il.