Nicole Belloubet a été accusée de défendre le délit de blasphème en déclarant que l’insulte contre une religion constituait « une atteinte à la liberté de conscience », dans un pays fier de ses principes laïcs.
« Dans une démocratie, la menace de mort est inacceptable (…). L’insulte à la religion c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c’est grave, mais ça n’a pas à voir avec la menace (de mort) », a déclaré la ministre.
Des responsables politiques à droite comme à gauche ont aussitôt critiqué la ministre.
« Qu’est ce qui a pu se passer dans notre pays pour qu’une ministre de la République puisse dire que l’insulte à l’encontre d’une religion est une atteinte grave à la liberté de conscience!? », s’est indigné l’eurodéputé socialiste Emmanuel Maurel.
Laurence Rossignol, ancienne ministre socialiste et sénatrice, a elle décerné un « 0/20 en droit constit » à Mme Belloubet, ancienne membre du Conseil constitutionnel. « En France, il est interdit d’insulter les adeptes d’une religion mais on peut insulter une religion, ses figures, ses symboles », a-t-elle tweeté.
La présidente du parti d’extrême droite Rassemblement national Marine Le Pen s’est elle interrogée: « Peut-on compter sur le gouvernement d’Emmanuel Macron pour défendre nos valeurs et nos libertés ? Clairement, la réponse est NON ! Et c’est cela qui est grave ».
« Nicole Belloubet invente le délit de blasphème (…) Scandaleux ! Ce gouvernement a lâché la liberté française de l’esprit Charlie pour la soumission à la terreur islamiste ! », a déclaré le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, dans une référence au journal satirique Charlie Hebdo qui étrille régulièrement religions et corps constitués.
Face à la polémique, la ministre a tenu à préciser ses propos en reconnaissant une expression « maladroite », tout en assurant ne pas remettre en cause « le droit de critiquer la religion ».
« Les insultes et les discriminations à raison de l’appartenance religieuse sont des infractions. C’est ça que j’ai voulu dire », a déclaré Mme Belloubet, dénonçant une polémique « ridicule ».
Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes en France en lien avec l’affaire Mila: l’une vise les menaces de mort, l’autre a pour objet de déterminer si les propos de l’adolescente relèvent de la « provocation à la haine raciale ».