Menacée et diffamée par l’extrême droite, une enseignante a dû annuler une sortie scolaire dans un camp de migrants à Calais.
L’affaire fait une fois de plus grand bruit. Et une fois encore, l’extrême droite manipule cette affaire sur les réseaux sociaux.
Tout commence lors de l’annonce selon laquelle une enseignante, Sophie Djigo, va emmener ses élèves en sortie scolaire dans un camp de migrants à Calais.
Si la sortie a été annulée, les commentateurs affiliés à l’extrême droite, comme Christine Kelly, se gardent bien d’expliquer le fond de l’affaire.
Tout d’abord, les élèves en question de sont pas des écoliers ou des collégiens mais des élèves… d’hypokhâgne. L’enseignante valenciennoise (Nord) a déjà organisé un tel voyage en décembre 2021 et a d’ailleurs publié plusieurs ouvrages sur les questions migratoires. L’enseignante « mène un projet pédagogique interdisciplinaire, intitulé ‘exil et frontières’ » avec sa classe préparatoire hypokhâgne du lycée Watteau, indique simplement le rectorat de l’académie de Lille.
Si l’annulation par le rectorat pourrait laisser penser que les élèves ne seraient pas en sécurité à Calais, c’est en réalité à cause de pressions et de menaces de l’extrême droite que ce choix a été fait.
C’est en effet le réseau Parents vigilants, connu pour être proche du parti Reconquête ! d’Eric Zemmour, qui a déclenché une tempête médiatique. Ils accusent l’enseignante de s’être lancée dans un « combat idéologique » et de faire de la « propagande pour l’immigration ».
Le rectorat déplore que « cette enseignante a reçu différentes menaces personnelles, et a été largement diffamée », et a donc décidé, « suite aux réactions violentes », « d’annuler cette activité éducative et pédagogique, les conditions de sécurité n’étant pas réunies ».
Une nouvelle fois, l’extrême droite a gagné. Quelques jours seulement après que la Fnac a plié en supprimant un jeu qui avait provoqué de nombreuses réactions du côté des militants de Zemmour et Le Pen.