Arrêté à Sao Paulo fin 2018 après plus de vingt ans de cavale, Carlos Garcia Julia a été extradé du Brésil vers l’Espagne où il est arrivé vendredi matin, escorté par trois policiers.
Le sexagénaire « est arrivé vendredi matin tôt à la prison de Soto del Real, dans la province de Madrid », a indiqué une porte-parole de l’administration pénitentiaire espagnole.
« Aujourd’hui la démocratie et la justice triomphent de nouveau », a commenté le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez sur Twitter.
Le soir du 24 janvier 1977, Carlos Garcia avait surgi dans les bureaux d’un cabinet d’avocats communistes de la rue d’Atocha, avec d’autres militants d’extrême droite.
Le commando avait tué par balles trois des juristes ainsi qu’un étudiant et un employé administratif. Quatre personnes avaient été grièvement blessées.
Cette tuerie – qui visait des militants du Parti communiste espagnol encore interdit – avait secoué la société espagnole, à l’époque délicate de la Transition de la dictature de Franco vers la démocratie et avait pesé dans la légalisation du Parti communiste quelques mois plus tard.
M. Garcia avait alors 24 ans et militait au sein du parti d’extrême droite franquiste Fuerza nueva.
En 1980, il avait été condamné à 193 années de réclusion pour les cinq assassinats et quatre tentatives. « Je tentais d’aider les forces de l’ordre à défendre l’Espagne contre la subversion », avait-il plaidé pendant le procès, selon le journal El Pais.
En 1991, il avait été remis en liberté conditionnelle, puis avait obtenu l’autorisation d’aller travailler au Paraguay, où il avait disparu.
Arrêté en 1996 en Bolivie pour trafic de drogue, il y avait été condamné à six ans de prison, mais était parvenu à s’enfuir pendant une permission.
A Sao Paulo, il gagnait sa vie, selon la presse espagnole, comme chauffeur de VTC sous une fausse identité vénézuélienne.
Le maire de Madrid de 2015 à 2019 Manuela Carmena travaillait comme avocate en 1977 dans le cabinet visé mais venait de quitter les lieux quand les jeunes tueurs avaient fait irruption.