Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé mercredi soir l’instauration de l’état d’urgence pour une durée de trois mois. Une décision qui permettra au gouvernement de prendre immédiatement toutes les mesures de rétorsion à l’encontre des responsables du coup d’Etat manqué du week-end dernier.

Energique, quoique prévisible, la réaction ne s’est pas fait attendre. Dès le 16 juillet, au lendemain même de la tentative de coup d’Etat militaire visant à le renverser, Erdogan a initié une vague de purges sans précédent dans les institutions publiques. « Le but de l’Etat d’urgence est d’être capable prendre des mesures rapides et efficaces contre la menace pesant sur notre démocratie », a justifié le président turc lors d’une retransmission télévisée en direct mercredi soir. Au préalable, il avait assisté à une réunion du Conseil national de sécurité longue de cinq heures. « Cette mesure est en accord avec la Constitution de la Turquie, elle n’enfreint pas l’Etat de droit, ni les libertés fondamentales des Turcs », a-t-il tenu à préciser.

Concrètement, l’état d’urgence, qui prendra effet sitôt le décret publié au journal officiel, autorisera le président et son gouvernement à court-circuiter le Parlement concernant l’adoption de nouvelles lois et à restreindre – voire, à suspendre – droits et libertés individuelles s’ils l’estiment nécessaire. Les gouverneurs de régions verront également leurs pouvoirs accrus et « les forces armées opéreront en conformité avec les décisions gouvernementales », a souligné en outre Erdogan.

Europe, prière de ne pas condamner

Dans le viseur du président, un homme : Fethullah Gülen. Ce dignitaire religieux, exilé aux Etats-Unis depuis plus de seize ans, est accusé par le président turc d’être l’initiateur du coup d’Etat. Accusation que Gülen, qui compte de nombreux partisans en Turquie et en dehors, a réfuté en bloc, niant toute participation ou ingérence directe ou indirecte dans la tentative avortée.

Anticipant les critiques de la communauté internationale, qui ne manqueront certainement pas de pleuvoir suite à son annonce, Erdogan a ajouté : « L’Europe n’a pas le droit critiquer de cette décision. » En effet, depuis le putsch raté, l’Union européenne a exprimé son inquiétude face aux vastes purges engagées et appelé Ankara à la mesure. Si la Turquie reste théoriquement toujours candidate à l’adhésion à l’Union européenne, qu’elle a significativement appuyée en signant l’accord sur la prise en charge des migrants, nul doute que les mesures prises ces derniers jours éloigneront davantage le pays d’une issue positive. Si, encore, issue il y a.

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