La polémique fait rage actuellement en Israël. Après la décision prise par les autorités d’autoriser la circulation des bus le samedi, jour de Sabbat, dans les principales agglomérations israéliennes, quatre députés ultra-orthodoxes se sont indignés et officiellement exigé du ministère des Transports de revenir sur cette permission. Au motif qu’elle transgresse la loi hébraïque, qui impose la cessation d’activités chaque samedi. Michael Michaeli et Yoav Ben-Tzour du Shas, soutenus par plusieurs collègues de la Knesset, ont exprimé avec véhémence leurs réticences au travers d’une lettre officielle adressée à la directrice générale du ministère de Transports, lui demandant de retirer les permis de circulation accordés aux deux sociétés de transports publics, Metropoline et Dan. Pour ces députés conservateurs, circuler durant le Sabbat dans les villes de Holon, Ramat Hasharon ou Herzliya va à l’encontre des préceptes fondamentaux du judaïsme et de ses lois. Interpellé, le ministre des Transports Yisrael Katz est appelé à tenir compte de ces récriminations officielles, en proposant une loi alternative qui réduirait – sinon supprimerait – la fréquence des transports durant les fêtes juives. Les députés signataires appellent aussi le gouvernement à se conformer  aux résultats d’une enquête en cours, destinée à rassembler des preuves potentiellement irréfutables à l’encontre desdites sociétés de transport.

Un précédent à Tel-Aviv

Néanmoins, cette prise de position n’est pas partagée par l’ensemble des élus israéliens ; elle a même provoqué un tollé dans les rangs des progressistes et notamment de Meretz, parti de la gauche laïque. Selon The Times of Israël, le député Tamar Zandberg a fustigé ses collègues ultra-orthodoxes, qui, d’après lui, “tiennent à maintenir Israël sous couvre-feu (…) et leurs tentatives pathétiques de mettre des bâtons dans les roues de toute initiative progressiste attestent des progrès considérables réalisés par la communauté laïque sur le plan civil et municipal, dont l’objectif principal est de subvenir aux besoins des citoyens durant les fêtes religieuses.” Cette nouvelle affaire clivante met en tout cas à nu, une nouvelle fois, les fractures criantes qui traversent la société israélienne, tiraillée entre conservateurs et progressistes. En avril dernier, la Haute cour avait permis l’ouverture des commerces pendant Sabbat à Tel-Aviv, ville majoritairement laïque. Les ultra-orthodoxes n’ont pas alors tardé à mettre le holà, en faisant entériner des restrictions motivées par « la bonne pratique de la loi juive ».