Au lendemain des attentats qui ont frappé Paris, la députée de l’Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizet, a sorti de son chapeau l’idée selon laquelle il serait judicieux de financer le culte musulman en France en taxant le marché de la viande halal.

« Vous levez une taxe de 1 % sur un marché de six milliards d’euros, c’est 60 millions d’euros par an », a expliqué, sur RTL, la vice-présidente du parti Les Républicains, qui avance que cette mesure permettrait de générer 60 millions d’euros. Une somme annuelle qui servirait notamment à la construction de mosquées dans l’Hexagone.

Vers un financement « français »

La somme pourrait alors être reversée « dans une fondation (…) qui vise à lever des financements alternatifs aux financements étrangers. » « A ce moment-là, vous pouvez avoir un financement national assis sur une base légitime puisque ce sont des produits cultuels, halal, pour pouvoir financer un islam de France », poursuit NKM.

L’idée a été approuvée par le Conseil français du culte musulman. Anouar Kbibech, président du CFCM, juge cette idée « très bonne. » « Elle a aussi été proposée par le CFCM depuis juillet. Un groupe de travail se réunit tous les quinze jours pour aboutir à l’autofinancement du culte musulman en France. On parle de cinq à sept centimes par kilo », précise-t-il dans Le Scan.

Fausse bonne idée

Pour Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse à l’Institut de recherche et d’étude sur le monde arabe basé à Aix-en-Provence, il s’agit là d’une « fausse bonne idée, en réalité inapplicable. » Dans une interview accordée au site d’information Zaman, l’anthropologue estime que « cette proposition ressort chaque fois qu’on attribue des attentats au financement étranger du culte musulman, c’est-à-dire quand on est dans l’urgence, qu’on cherche des solutions faciles, quand on ne réfléchit plus. »

D’autant plus que selon Bergeaud-Blacker, les chiffres avancées par NKM ne reflètent pas la réalité du marché. Si la chercheuse spécialiste de la question du halal en France concède que le chiffre d’affaires généré par le secteur se situe bien autour des 6 milliards d’euros, elle rappelle néanmoins qu’il n’existe pas de structure habilitée à délivrer un label halal : « Taxer les produits certifiés halal dans un marché ouvert est impossible, et irrationnel car n’importe quelle entreprise peut certifier halal. Vous, moi, d’autres… pouvez faire de la certification halal. » Alors une taxe halal pourrait donner lieu à un grand n’importe quoi.

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