Le traitement des Ouïghours intéresse de plus en plus l’Occident, heureux de trouver un prétexte pour sanctionner la Chine. L’Afrique, elle, reste étrangement muette.
Le sort des musulmans Ouïghours intéresse de plus en plus l’Europe et les Etats-Unis. Les deux puissances ont une dent contre Pékin et la question des droits de l’homme dans le Xinjiang leur permet donc de mettre la pression sur la Chine, après un très long silence quant aux exactions commises par le régime, qui a notamment mis en place des camps d’internement et détruit plusieurs mosquées ces dernières années.
Pour l’Afrique, qui compte près d’une moitié de musulmans sur son sol, la question des Ouïghours semble intéresser très peu de gouvernement. Pire, de nombreux d’entre eux continuent de soutenir Pékin. Un soutien sans faille qui doit beaucoup à l’influence économique de la Chine sur le continent. En 2019, 17 pays africains avaient officiellement apporté leur soutien à Pékin. Pour les autres, c’était le silence radio.
Selon plusieurs sources, la situation n’est pas près de s’arranger : plusieurs diplomates africains ont en effet assisté, en mars dernier, à un événement à Pékin baptisé « Xinjiang in the Eyes of African Ambassadors to China ». L’occasion pour eux de louer la politique de la Chine dans la région du Xinjiang, comme pour effacer toute trace de manquement aux droits de l’homme. Bien que plus d’un million d’Ouïghours soient détenus au Xinjiang, dans les camps de travail forcé, la Chine a pu compter sur le soutien africain qu’elle attendait.
Des soutiens venant du Burkina Faso ou encore du Congo-Brazzaville. « Certaines forces occidentales qui dénoncent les soi-disant problèmes liés au Xinjiang lancent en fait des attaques contre la Chine pour servir leurs propres intérêts », résume ainsi Adama Compaoré, ambassadeur du Burkina Faso en Chine. Daniel Owassa, l’ambassadeur du Congo-Brazzaville à Pékin, a lui félicité « les grandes réalisations de développement du Xinjiang dans divers domaines ces dernières années », en oubliant ce qui s’y passe en termes d’épuration ethnique. Le Soudan était également présent lors de cet événement de propagande.
Une honte, pour Human Rights Watch. L’ONG dénonce « la volonté des gouvernements africains de garder le silence sur la suppression des droits par Pékin » qui, selon elle, « a des conséquences concrètes ». Pour HRW, les Africains « ont souvent dénoncé à juste titre l’indifférence des autres pays à leur sort et recherché une solidarité mondiale avec la souffrance humaine ». Il est donc étonnant que, aujourd’hui, le continent préfère fermer les yeux sur ce qui se déroule en Chine.