Une sénatrice écrit une tribune dans laquelle elle explique qu’il faut dénoncer le rapport entre Islam et jihadisme sans avoir peur des amalgames. Sauf qu’au Sénat, le sujet est encore loin d’être vraiment maîtrisé.

Sénatrice UDI de l’Orne, vice-présidente de la Commission d’enquête sur la lutte contre les filières jihadistes et vice-présidente de la Commission des affaires étrangères, Nathalie Goulet écrit, cette semaine dans le Huffington Post, une tribune intitulée : « « Amalgame « et « stigmatisation » : la tarte à la crème de l’impotence et de l’inertie politique. » Elle dénonce le fait qu’au Sénat, il a été impossible de parler d’Islam lors de la Commission d’enquête sur la lutte contre les filières jihadistes alors que, dans le même temps, « radicalisation, terroristes, attentats, salafistes, chiites, sunnites, Islam des caves et viande Halal sont au menu quotidien des médias. »

« La situation de ces derniers mois, de ces dernières années, en France et dans le monde, place la communauté musulmane et l’Islam au cœur de nombreux débats », indique Nathalie Goulet, qui insiste sur le fait que « la connaissance de l’Islam, de son organisation et de son financement est parfois insuffisante. » Mais le 16 décembre, le Sénat a lancé une mission d’information sur l’Islam, car « cette question est (…) centrale lorsque l’on mentionne la notion de radicalisation et d’Islam radical. » Dans le but d’éviter de faire des « amalgames entre Islam et islamisme radical », la sénatrice assure que c’est « par une meilleure connaissance et une meilleure coopération que l’Etat pourra apporter des réponses satisfaisantes » sur le sujet.

Les sénateurs ne connaissent pas le halal

Et en premier lieu, Nathalie Goulet réclame « des interlocuteurs représentatifs de la communauté musulmane » et « une réforme du fonctionnement du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), son corps électoral et ses missions. » Il faut dire que Dalil Boubakeur, ancien président de cette association, disait d’elle qu’elle « ne représente pas les musulmans mais le culte musulman. » Or, jamais les musulmans ne se sentent concernés par les représentants désignés par les autorités publiques ou les médias. Nathalie Goulet estime cependant qu’il faut rapidement réformer les CFCM et pose la question de la comparaison avec les instances juives en France. « Nous voulons par exemple comparer les fonctionnements des circuits cacher ou halal, pas pour stigmatiser mais pour comprendre », dit-elle.

Une drôle de remarque : lors d’une audition des représentants des cultes musulman et juif devant le Sénat, le 17 juillet 2013, les parlementaires avaient montré qu’en réalité, ils ne connaissent rien aux dossiers du cacher et du halal : alors que les instances juives avaient refusé de répondre aux questions des sénateurs, les représentants du culte musulman avaient eu le droit à une série de question sur l’abattage… cacher ! « La responsabilité du politique, c’est aborder des sujets sensibles », dit Nathalie Goulet. Or, d’après elle, l’Islam n’est jamais abordé par les autorités par peur des « amalgames. » Lorsqu’on voit la façon dont les musulmans sont traités par les politiques et comment le dossier du halal a été traité par les sénateurs, on se dit que question amalgames, les membres du Sénat ne sont pas exempts de tout reproche.

« Amalgame « et « stigmatisation » : la tarte à la crème de l’impotence et de l’inertie politique (ici)

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