L’organisation Perspectives musulmanes appelle, ce samedi, à une mobilisation à Paris pour protester contre la décision d’expulser Hassan Iquioussen. « Ce sont bien toutes les personnes musulmanes qui sont visées », affirme la coordination.
La validation par le Conseil d’État de l’expulsion du territoire français de l’imam Hassan Iquioussen, qui contredit la décision du tribunal administratif de Paris auparavant, est « l’épilogue d’un feuilleton politique et judiciaire qui a animé une partie de l’été », écrit Perspectives musulmanes qui appelle à une mobilisation ce samedi 3 septembre 2022 à 15 heures, place de la République.
L’association rappelle que, sur le plan judiciaire, il n’y a « rien, ou presque ». Par conséquent, poursuit-elle, « la décision du Conseil d’Etat est injustifiable ».
Une décision « injuste » qui a provoqué, chez les musulmans et les défenseurs des droits humains, « une réaction unanime et forte, au-delà des clivages partisans ».
Le Conseil d’Etat au service de l’Exécutif ?
Pour Perspectives musulmanes, le verdict du Conseil d’Etat d’expulser Iquioussen est bien plus qu’une simple décision contre l’imam : « Ce sont bien toutes les personnes musulmanes qui sont visées ». La mobilisation de ce samedi devrait être largement suivie.
Car effectivement, les lectures de l’affaire sortent de la chronique judiciaire classique. Comme l’écrit Rafik Chekkat, qui s’est fendu d’un édito sur la plateforme Islamophobia, le cas Iquioussen représente « la victoire de l’islamophobie sur le droit ». L’intellectuel, spécialiste des discriminations et défenseur des libertés publiques, le Conseil d’Etat a validé un passage en force de l’exécutif.
Une demande d’expulsion qui intervient en effet après les dissolutions injustes du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), de BarakaCity, de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI) ou encore des éditions Nawa, toutes demandées par Gérald Darmanin, qui a pu à chaque fois s’appuyer sur le Conseil d’Etat.
Se fédérer et faire bloc
« L’habillage juridique pour donner un semblant de légalité à la mesure ne trompe personne. Avant que la décision du Conseil d’Etat ne soit connue, des perquisitions ont été menées au domicile et contre des proches de l’imam. Une répression impulsée par l’exécutif et qui vise à faire de la lutte contre le ‘séparatisme’ un chantier majeur du deuxième quinquennat Macron », poursuit Rafik Chekkat.
Pourquoi la mobilisation de samedi est-elle si importante ? « Le bras de fer en cours a valeur de test. Il va déterminer en grande partie l’intensité des attaques contre les droits et libertés », écrit Chekkat. Il déterminera également à quel point les musulmans de France peuvent se faire entendre. Il faut, dit-il, « s’organiser, se fédérer, faire bloc ».