Interdit pas la préfecture de Meurthe-et-Moselle de s’exprimer lors d’une conférence, Salah Hamouri a finalement pu parler après la décision du tribunal de Nancy.
Le ministère de l’Intérieur, par l’intermédiaire de la préfecture de Meurthe-et-Moselle, avait fait interdire une conférence qui devait se tenir jeudi soir. Organisée par l’Association France Palestine Solidarité, c’est la présence de Salah Hamouri qui avait provoqué « un fort émoi et de vives réactions », chez des associations juives. L’avocat, injustement détenu en Israël à plusieurs reprises, devait intervenir dans cet événement intitulé « Fils de Jérusalem expulsé de sa terre natale par Israël ».
Mais l’arrêté d’interdiction « constitue une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression », vient de répondre le tribunal administratif de Nancy. D’autant que, selon la justice, les raisons avancées par la préfecture — la fameuse menace de trouble à l’ordre public, avancée à chaque événement qui déplaît à Beauvau — n’ont pas convaincu le juge.
L’association France Palestine Solidarité a donc pu tenir, comme prévu, sa conférence. Mais que ce fut juste. Surtout, l’association déplore l’attitude de Gérald Darmanin. « Au nom de quoi » le ministre de l’Intérieur a-t-il voulu interdire Salah Hamouri de parole ?, demande l’association qui écrit : « Il est clair que le ministère de l’Intérieur prête une oreille complaisante aux exigences de l’ambassade d’Israël et du CRIF, aux agitations et pressions d’associations pro-israéliennes locales, qui ne supportent pas l’idée que les années de harcèlement judiciaire, les peines de prison à répétition, puis son expulsion en France par Israël en décembre dernier, n’aient pas réussi à faire taire ce militant infatigable de la cause palestinienne ».
Salah Hamouri est arrivé en France au mois de décembre 2022. Après dix années passées à être harcelés et emprisonné dans des prisons israéliennes, Salah Hamouri doit constamment répondre en France à des accusations de liens avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Paris avait pourtant jugé son expulsion d’Israël « contraire au droit », tandis que l’ONU déplorait un « crime de guerre ».
France Palestine Solidarité a tenu à « réaffirmer son soutien total à Salah Hamouri et exiger des autorités de notre pays qu’elles fassent respecter son droit de parole comme pour n’importe quel citoyen français et que cesse ce harcèlement qui n’a que trop duré ». Elle déplore « les ingérences directes et indirectes de l’État d’Israël dans le débat politique en France ».
L’association appelait à un rassemblement pour la défense des libertés d’expression et d’action en solidarité avec la Palestine ce vendredi 17 mars à 18h30.