Le président russe Vladimir Poutine a annoncé, le 14 mars dernier, lors d’une réunion au Kremlin, le retrait des forces militaires russes de la Syrie. Retour sur une opération politique qui s’avère payante, au moment où Palmyre, l’un des fiefs de l’organisation Etat islamique, pourrait bien tomber.

La Russie a atteint « ses » objectifs

Bien que l’opération était limitée dans le temps, les cinq mois et demi passés par l’armée russe en Syrie auront été suffisants pour redonner la main à une armée locale qui était bien mal en point. Cette dernière aurait repris, depuis le début de l’intervention russe, plus de 400 localités à Daesh. Mais le retrait surprend, alors que l’Etat islamique n’est pas encore mort. « Du point de vue de Moscou, les objectifs sont atteints », explique Isabelle Facon, spécialiste de la Russie et maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Selon elle, « Poutine aura réussi à remettre en selle Assad, à lui faire gagner du terrain et à l’amener à la table des négociations dans la position la plus forte possible. »

Quel est le bilan de l’opération de Moscou ? Selon Alexandre Dvornikov, colonel-général en chef de la Russie pour cette opération en Syrie, le travail russe a permis de détruire des canaux d’approvisionnement des infrastructures qui servaient aux terroristes de l’EI comme des instruments pour organiser leurs attaques. Il estime que les opérations ont permis d’agir sur quinze fronts, ce qui aurait permis de diviser l’organisation terroriste en petites entités. « Les actions concertées de l’aviation russe et de l’armée syrienne étaient à la base du succès de l’opération contre les terroristes. Pour améliorer la capacité des troupes syriennes, nous leur avons fournis des armements modernes et du matériel militaire dans le cadre du programme d’aide militaro-technique », dit-il. Si la Russie se retire de l’opération militaire, la puissance russe compte bien conserver ses conseillers militaires en terre syrienne de façon à continuer la formation de l’armée locale, mais également ses base militaire de Tartous et de Hmeimim près de Lattaquié, ainsi que son fameux système anti-aérien S 400.

Poutine s’impose comme l’acteur de la reconstruction

Mais alors, en quoi l’intervention de Moscou en Syrie est-elle un succès, alors que la guerre semble ne pas se terminer ? Tout d’abord, les Russes ont atteint leur objectif principal : « Garantir qu’il n’y aura pas de changement de régime en Syrie dans un avenir proche », estime Cyrille Bret, spécialiste de la Russie et enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris (IEP). Même si Poutine ne tient pas particulièrement à Bachar el-Assad, le président russe aimerait garder les forces en présence au pouvoir en Syrie. Poutine ne devrait, au terme de la guerre, pas s’opposer au retrait d’Assad, mais il espère garder la main avec un allié qui défendrait ses intérêts plutôt que ceux de l’Occident. Et Washington dans tout ça ? La stratégie floue des Américains risque de leur être préjudiciable, au bénéfice des Russes. Selon l’observateur Blake Franko, dans une note publiée par The National Interest, les Etats-Unis ont subi un revers russe à cause d’un manque de clarté dans leurs objectifs militaires. Les Américains ont, dit-il, pris trop de temps avant de prendre la mesure de leur tâche. Pas de doute, en intervenant rapidement en Syrie, Poutine s’est imposé comme l’un des acteurs du changement. Il faudra compter sur lui pour les discussions à venir, le président russe s’étant imposé comme un acteur de la reconstruction de la Syrie de demain.

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