« Je suis enchantée d’annoncer aujourd’hui que, après la finalisation par tous les acteurs constitutionnels impliqués (…) moi, en tant que Première ministre, et le gouvernement que je dirige, allons transférer l’ambassade de Roumanie à Jérusalem, capitale d’Israël », a déclaré Viorica Dancila à l’occasion du premier jour d’une conférence du lobby américain pro-Israël Aipac aux Etats-Unis.

Sa déclaration prend un relief particulier alors que Bucarest assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne.

Un tel déménagement, suivant la voie ouverte en décembre 2017 par Donald Trump, doit toutefois recevoir le feu vert du chef de l’Etat roumain pour devenir réalité.

Or le président de centre droit Klaus Iohannis, en conflit ouvert avec la majorité de gauche, s’oppose au souhait du gouvernement d’emboîter le pas aux Etats-Unis.

« Par ses propos concernant le transfert de l’ambassade à Jérusalem, Mme Dancila fait une nouvelle fois preuve de sa totale ignorance en matière de politique étrangère et en ce qui concerne les décisions importantes de l’Etat roumain », a réplique Klaus Iohannis dans un communiqué.

Accusant la Première ministre de « s’empresser de faire des annonces publiques en l’absence de toute décision à cet égard », le chef de l’Etat a souligné ne pas avoir encore reçu l’analyse promise par le gouvernement, qui devrait peser les arguments pour et contre une telle démarche.

Le président avait estimé par le passé qu’un transfert de l’ambassade « représenterait une violation du droit international » et estimé que Bucarest devait garder une « position équilibrée et équidistante » sur le Proche Orient.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui est arrivé dimanche à Washington pour participer à l’Aipac, avait appelé en janvier son homologue roumaine à annoncer le transfert de l’ambassade de son pays à Jérusalem.

« Je remercie mon amie, la Première ministre roumaine Viorica Dancila, pour son annonce à l’Aipac qu’elle va se charger de terminer les procédures nécessaires à l’ouverture de l’ambassade roumaine à Jérusalem », a affirmé Netanyahu dimanche soir sur son compte twitter.

Lors d’une précédente visite en Israël en avril 2018, Viorica Dancila avait toutefois confié ne pas disposer d’assez de soutien en Roumanie pour une telle initiative.

Saeb Erakat, un haut responsable palestinien a de son côté qualifié la déclaration de Mme Dancila de « violation flagrante des droits des Palestiniens, de la loi internationale et des résolutions de l’ONU ».