A partir de fin août 2017, quelque 740 000 musulmans rohingyas, persécutés par les forces armées birmanes et des milices bouddhistes, ont fui la Birmanie, majoritairement bouddhiste. Cette répression a été qualifiée par l’ONU de « nettoyage ethnique », une accusation rejetée par les autorités birmanes.

Dans un rapport présenté mardi devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, la Mission d’établissement des faits de l’ONU a indiqué que les 600 000 Rohingyas qui sont restés en Birmanie vivent sous la menace d’un « génocide ».

« Il est probable que Aung San Suu Kyi ne soit pas au courant de ce qui s’est passé en août (2017), mais le problème est qu’elle n’a pas abordé cette question par la suite. Et la question de savoir s’il y a ou non un élément de culpabilité va donc devenir une question juridique », a affirmé le président de la Mission, Marzuki Darusman.

« C’est donc une question toujours ouverte que de savoir dans quelle meure elle pourrait être impliquée », a-t-il conclu lors d’une conférence de presse, spécifiant que « c’est à la justice de s’en occuper ».

La Mission d’établissement des faits de l’ONU, créée par le Conseil des droits de l’Homme en 2017, a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à déférer le cas devant la Cour pénale internationale ou à créer un tribunal ad hoc, comme ceux de l’ex-Yougoslavie et du Rwanda.

Les enquêteurs ont indiqué mardi avoir établi une liste confidentielle « de plus de 150 personnes soupçonnées d’avoir participé à de nombreux crimes internationaux ».

« Plus cela dure, plus il est impossible pour la partie civile du gouvernement d’échapper à sa responsabilité pénale internationale en matière de droits humains en Birmanie », a déclaré un des enquêteurs, Christopher Sidoti.

Malgré la transition démocratique initiée en 2011, l’armée reste très puissante sur l’échiquier politique birman, occupant un quart du parlement et trois ministères clés, dont celui de la Défense.

« Il est clair que la partie civile du gouvernement ne contrôle pas la partie militaire, mais la partie civile du gouvernement a des responsabilités constitutionnelles très importantes », en termes notamment d’éducation et de santé, a-t-il expliqué, soulignant que le Parlement était aussi contrôlé par la Ligue Nationale pour la démocratie (LND), le parti de Aung San Suu Kyi, de facto chef du gouvernement.