La droite a essuyé deux échecs successifs à la présidentielle de 2012 puis en 2017 avec son élimination au premier tour. Ce à quoi s’ajoute une défaite cinglante aux dernières législatives. Alors que le congrès des Républicains aura lieu en décembre prochain avec l’élaboration du nouvelle ligne et l’élection du président, la droite vient de publier un document de réflexion sur son avenir.

Ces derniers mois, les Républicains ont en effet lancé une vaste consultation au sein du parti en organisant plusieurs ateliers nationaux. Ils ont également recueilli 40.000 réponses d’adhérents après la diffusion d’un «questionnaire de refondation», diffusé entre juillet et novembre. 

Leur rapport de 83 pages, intitulé « Refondation de la droite et du centre » vient d’être publié. Si plusieurs remises en questions sont abordées telles que l’orientation du parti entre En Marche et le Front National, leurs divisions internes ou le bilan du projet politique de François Fillon, la droite pourra t’elle vraiment tirer des leçons de ses erreurs ?

Pour les adhérents, s’intéresser en priorité aux questions d’immigration (72 %)

Les discours de campagne des prochains candidats resteront en tout cas sensiblement portés sur les mêmes thèmes, après lecture du document. L’immigration, l’identité nationale et l’Islam semblent rester les priorités, devant des sujets brûlants comme le chômage ou l’évasion fiscale.

Selon les adhérents, les Républicains doivent en effet s’intéresser en priorité, aux questions de «justice, de sécurité et d’immigration» (72%), une thématique récurrente depuis plusieurs années déjà. 

« Notre première responsabilité est d’être une droite morale… (de) valeurs judéo-chrétiennes laïcisées »

Et face à « l’explosion du phénomène migratoire en Europe », la question de l’identité est également soulevée dans le document, qui en fait tout un focus.  Il y a dix ans déjà, en 2007, Nicolas Sarkozy avait fait de l’identité nationale un thème central de sa campagne présidentielle et avait enfoncé le clou avec son débat sur l’identité nationale en pleine crise financière de 2009.

Dans le rapport, le parti rappelle que l’identité est définie par la langue, la culture, les moeurs, l’histoire, et refuse de se faire taxer « d’identitaire ». Il y est également évoqué la nécessité de définir les contours de l’identité européenne. Celle-ci devrait entre autres, se baser sur des “racines chrétiennes”. 

Les racines judéo-chrétiennes sur toutes les lèvres

« J’ai regretté dès le départ que la France s’oppose à l’inscription des racines chrétiennes dans le traité européen (…) Continuons de défendre nos racines chrétiennes. Défendons notre modèle de civilisation, que les terroristes veulent justement détruire », a déclaré lors d’un atelier la députée européenne Françoise Grossetête. 

Bien que la laïcité soit régulièrement brandie comme un étendard par la droite, l’occasion est toujours bonne pour parler de religion. 

Récemment, le député du Vaucluse Julien Aubert, candidat à la présidence des Républicains a déclaré dans Valeurs Actuelles : « Notre première responsabilité est d’être une droite morale, c’est-à-dire qui incarne dans son comportement les valeurs judéo-chrétiennes laïcisées dont nous prétendons nous inspirer ». Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône et porte-parole des Républicains tweetait également le 5 novembre : « Oui, la laïcité n’existe que dans les pays aux racines chrétiennes. Qui peut dire le contraire ? », tout en apportant son soutien mouvement #Montretacroix sur les réseaux sociaux. 

300 contributions écrites sur 450 évoquent l’Islam

Mais le document fait également un encadré de deux pages sur l’Islam, sujet majeur pour les militants, « menace » à l’identité française. En effet, 300 contributions écrites des adhérents sur 450, traitent des questions de l’identité et de l’Islam. 

« On constate une difficulté croissante à aborder les questions religieuses, et notamment celle de l’Islam, dans le débat public », est-il écrit dans le document. Il y est précisé qu’il faut continuer à « condamner sans réserve l’islamisme et ses dérives ultraviolentes ». Quant à l’islamophobie, elle est présentée comme une peur légitime suite aux attentats et non dirigée contre les musulmans.

Rien de nouveau donc, chez les Républicains, qui ne font que réviser leurs fondamentaux et reprendre les bases des discours sarkozystes. Pour Bernard Accoyer, le « phénomène migratoire » et le « multiculturalisme » restent les deux sources de « l’anxiété des Français ». « Nous devons faire ce que nous avons promis, être fidèles à nos références, assurer la continuité historique de la droite » a t-il estimé dans le Figaro, à propos de la refonte du parti. C’est chose faite