Il faut bien se rendre compte, eu égard à nos accomplissements religieux, que plusieurs éléments de nature traditionnels se sont incorporés. Qu’il s’agisse des traditions nord-africaines, d’Afrique subsaharienne, moyen-orientales ou d’Asie méridionale, il faut se rendre à l’évidence : les legs de nos anciennes familles ne sont pas demeurés sans effet sur nous. Il faut toutefois savoir faire la part des choses entre le « religieux » et le « culturel ».

D’aucuns ne pratiquent aucun pilier essentiel de l’Islam durant toute l’année et arrivée l’heure du Ramadan se mettent à pratiquer la prière du Tarawih, à se lever le matin pour soudainement lire Fajr. Ces habitudes n’encourent là aucune critique : il s’agit d’une très bonne chose. Mais la foi s’inscrit dans la continuité et la fermeté en ce qui concerne sa pratique. Il faut en conséquence maintenir ces bonnes pratiques au-delà du mois du Ramadan.

Quoiqu’il en soit, revenons sur ces individus qui pensent qu’avant tout, le Ramadan est quelque chose d’éminemment culturel. Pendant le mois du Ramadan, l’ensemble des commandements sont issus du Coran et de la Sunna et sont en conséquent que très difficilement négociables. Beaucoup vénèrent le jeûne de sorte que jusque dans les situations où il est interdit par le Coran lui-même, ils se mettent à le pratiquer et à juger tout individu, placé dans la même circonstance, qui ne l’aurait pas fait.

La religion obéit à un certain nombre de paramètres précis qu’il convient dès à présent de constater. Ce n’est pas parce qu’un individu a fait 20 raka’ats pendant le Tarawih au lieu de 8 qu’il va gagner un Paradis plus grand ou que ces efforts physiques plus intenses vont être mieux récompensés. En réalité, les efforts physiques n’ont que peu d’importance devant Dieu lorsqu’ils ne sont pas complétés par des efforts spirituels.

Le but pendant les Tarawihs n’est pas se lever et de se prosterner sans comprendre la philosophie des versets qui sont récités ou encore la philosophie du but de la prière en Islam. Puis quel succès peut-on tirer d’un Ramadan, perçu comme une pratique culturelle ? Aucun, puisque la culture ne lui assigne aucun autre but que celui d’une mécanique que le corps doit adopter une fois par an. L’exemple est tout aussi marquant que celui d’un voyage exceptionnel (réalisé sans préparation) et un voyage programmé chaque année méticuleusement. Un aspect robotique entre en considération.

Il faut en conséquence considérer le Ramadan comme un voyage exceptionnel et non comme une récurrence à observer selon des algorithmes similaires. Non seulement le Ramadan pousse à observer la Salaat avec plus d’intensité mais également à réfléchir sur sa condition, sur ce que Dieu nous a donné en tant qu’Homme et penser aux plus démunis, aux orphelins, aux personnes qui souffrent dans le cadre de conflits mondiaux. Pas pour s’indigner et dire « C’est dégueulasse…» sans rien faire de plus.

Mais afin de prier pour eux.

Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, auteur spécialisé sur les questions d’Islam et de laïcité. Retrouvez ici sa page Facebook.