Dans les allées de la mosquée de Paris, ils se saluent, rient de bon cœur et attendent avec impatience le début du mois de ramadan. Des imams étrangers sont arrivés. Le temps du mois béni, les près de trois-cents imams sont prêts à débuter leur mission : il n’est pas, là, question de s’installer sur la durée, ces imams sont en réalité des des psalmodieurs ou récitateurs. Sélectionnés en Algérie et au Maroc, ils sont en France dans le cadre d’accords bilatéraux entre la France et certains pays du Maghreb.

Si ces récitateurs auront tous un visa d’un mois, leur venue est loin d’être une nouveauté. On se souvient par exemple qu’en 2011, le CFCM avait annoncé la venue de 180 imams marocains. Le président d’alors, Mohamed Moussaoui, expliquait qu’il s’agit d’« une tradition. Chaque année, le Maroc nous envoie en renfort des imams pour assurer la lecture du Coran et les prêches durant le mois sacré du Ramadan où les fidèles sont plus nombreux à se rendre sur les lieux du culte musulman. »

Car c’est bien là l’enjeu : la France manque cruellement d’imams pendant le mois de ramadan, lors duquel la fréquentation des mosquées augmente. Djelloul Seddiki, directeur de l’institut Al-Ghazâli de la Grande mosquée de Paris, est chargé d’accueillir les imams étrangers. Ceux-ci, explique-t-il à LCI, « viennent pour 29 jours », ils sont accueillis, logés dans des hôtels et affectés dans des lieux de culte. « Ils n’ont pas de formation en arrivant car ils vont simplement réciter les 60 chapitres du Coran en arabe, ils n’ont pas besoin de savoir parler français », assure-t-il.

Hier, Manuel Valls s’est une nouvelle fois offusqué de cette pratique. Il estime que « demander aux Algériens, aux Marocains, au moment du mois de ramadan qui commence cette semaine, de nous envoyer des imams, ça ne va pas. » Ancien ministre de l’Intérieur, Manuel Valls sait pourtant que cet envoi d’imams étrangers est obligatoire pour le bon déroulement du mois de ramadan. Dans les allées de la mosquée de Paris, on s’étonne que cette polémique surgisse aujourd’hui. « Cela n’est pas nouveau et ça n’a jamais posé de problème », explique un fidèle. Dans un mois, ces imams algériens et marocains retourneront dans leur pays, en attendant la prochaine polémique lors du ramadan 2019.