La France pleure ce mercredi un grand artistes. Celui qui avait, entre autres tubes, repris « Rock the Casbah » du groupe punk The Clash ou « Douce France » de Charles Trenet est mort à l’âge de 59 ans. Rachid Taha, c’était un artiste complet, aussi à l’aise sur scène que devant les caméras, mais aussi un homme engagé, marqué par le voyage familial de l’Algérie vers la France. A l’époque à Libé, il expliquait : « Sans tomber dans le cliché de l’exil, il faut savoir que l’immigration reste une douleur, source d’instabilité fondée sur le mythe familial du retour. » Taha savait aussi jouer le poil à gratter, soufflant le chaud et le froid quant au fait de demander la nationalité française. Après avoir assuré avoir entrepris des démarches en vue de l’obtenir, il disait se « sentir totalement Français » mais avait entre-temps affirmé son refus de demander la nationalité en mémoire de son oncle tué pendant la guerre d’Algérie par des militaires français.

« Les religions chrétienne et musulmane reposent chacune sur le respect de l’autre, la bonté, la générosité »

Le racisme et la religion, il en parlait également très facilement. « Le racisme est avant tout basé sur la connerie, mais il faut savoir qu’on vivra perpétuellement avec et apprendre à se situer au-dessus », disait-il à propos des discriminations subies par les Français d’origine maghrébine. Il dénonçait aussi « notre racisme envers les femmes. » Dans Télérama, il expliquait : « La soumission à laquelle la famille et un Islam mal compris les contraignent, l’obligation du voile ! Tant que les femmes restent asservies, la démocratie ne peut exister. » L’artiste revendiquait sa « musulmanité » : « Dire que je ne suis pas musulman serait mentir. Mon père est allé à l’école coranique, maîtrisait le Coran ; j’en ai beaucoup parlé avec lui, et avec mon grand-père. C’était une façon de partager avec eux, d’être un homme. Et d’apprendre, aussi : j’ai toujours eu cette soif-là ; sans ça, on est rien », affirmait-il, avant d’assurer, lui qui lisait « un peu le Coran » qu’« il n’est pas donné à tout le monde de comprendre », ne pas voir « de différence radicale entre religions chrétienne et musulmane : elles reposent chacune sur le respect de l’autre, la bonté, la générosité. »