Des centaines de néo-nazis proposent des actions violentes contre des musulmans, dans des canaux Telegram qui n’ont, jusqu’à aujourd’hui, pas été pris au sérieux par les autorités de l’État.
Si l’ambiance islamophobe apporte, généralement, des paroles déplacés, les actes antimusulmans, eux, restent peu fréquents. Et, pour la plupart, limités à des tags contre des mosquées ou des actions symboliques. Mais on le sait : certains groupes d’extrême droite menacent, depuis longtemps, de passer à l’acte. Certains attentats islamophobes, en France, auraient été déjoués. En 2016, Patrick Calvar, alors directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), avouait même devant l’Assemblée nationale qu’« il y a déjà eu dans le passé des opérations qui ont permis d’intercepter des gens (de l’ultra droite, ndlr) dont les projets étaient justement de s’en prendre à la communauté musulmane ».
Autant dire que l’enquête du compte Twitter Tajmaât à de quoi inquiéter. La « plateforme collaborative pour les Maghrébins » vient de réaliser une « enquête choc sur le groupuscule ‘FRDETER’ » et indique, dans un thread, avoir infiltré « une vingtaine de groupes néo-nazi » dans lesquels ils ont détecté des « appels aux meurtres, menaces de mort contre un élu, ratonnades ». Parmi les utilisateurs, « des centaines de personnes impliquées dont des militaires et policiers ».
« FR DETER », c’est le diminutif de « Français déterminé ». Les membres de ses groupes promettent de s’en prendre à des « bougnoules », des « bamboulas » mais également des « gauchos » lors d’actions violentes « coup de poing ». Chaque département, chaque région, dispose de son canal Telegram. Les captures montrent que ces néo-nazis veulent notamment empêcher des musulmans de rompre leur jeûne. Et l’imagerie diffusée est terrible : des cibles, des gilets pare-balles…

La Voix du Nord a infiltré elle aussi des groupes de cette mouvance. Elle y a notamment trouvé un Lensois présent pour s’« informer sur les actions importantes de la région et y contribuer si le potentiel victime maghrébine est élevé ».

Des groupes qui ressemblent à Génération identitaire. Sauf que plusieurs membres assurent faire partie de l’armée française ou de la police.
L’enquête du compte Twitter est édifiante. Les membres continuent de s’organiser et se mobiliser malgré, selon la police, une surveillance depuis « fin 2022 ». La police qui confirme d’ailleurs que certains profils sont connus des services de renseignement. Le ministre de l’Intérieur a demandé la fermeture de ces canaux. Et après ?
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin affirmé avoir, hier, demandé « aux services de travailler aux suites judiciaires à donner, en lien avec l’autorité judiciaire ». Darmanin semble bien moins rapide pour mettre fin à la menace terroriste d’extrême droite que lorsqu’il s’agit de faire fermer administrativement des associations ou des mosquées.
Parmi les personnes visées, notamment, Elias d’Imzalène, qui avait déjà été ciblé par une liste établie par le site Français de souche.