« Cette année, le jury du prix des droits de l’Homme Václav-Havel a décidé d’attribuer le prix à deux lauréats: Monsieur Ilham Tohti et l’Initiative des jeunes pour les droits de l’Homme », a annoncé la présidente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), Liliane Maury Pasquier.

Intervenant dans l’hémicycle de l’organisation paneuropéenne de défense des droits humains et de la démocratie à Strasbourg, la secrétaire d’Etat française aux Affaires européennes Amélie de Montchalin a appelé la Chine à remettre « en liberté immédiatement » Ilham Tohti.

Dans l’attente, a-t-elle poursuivi, la France appelle à une amélioration de ses conditions de détention et à garantir « pleinement » les droits de sa défense.

L’engagement des lauréats du prix « en faveur des droits humains est exemplaire. Alors qu’ils n’ont pas hésité à prendre la défense de causes qui ne font pas l’unanimité dans la société, le message qu’ils portent est celui du dialogue et du respect », a observé Liliane Maury Pasquier, députée suisse.

Egalement recommandé par des élus américains pour recevoir le prix Nobel de la Paix, Ilham Tohti, condamné en 2014 par la justice chinoise à la prison à vie pour séparatisme, est membre de l’ethnie musulmane ouïghoure, majoritaire au Xinjiang, une vaste région du nord-ouest de la Chine. Sa présélection fin août pour recevoir le prix Václav-Havel avait déclenché la colère de Pékin, accusant le Conseil de l’Europe de « soutenir le terrorisme ».

« Ce prix récompense une personne, mais ce faisant, donne de la reconnaissance à ceux dont les droits sont foulés au pied, car c’est tout le peuple ouïghour qui se tourne vers vous pour vous demander votre aide », a déclaré, dans l’hémicycle de Strasbourg, Enver Can, de la fondation Ilham Tohti.

« Ceci va, à n’en pas douter, contribuer à sa survie derrière les barreaux et donnera au peuple ouïghour l’occasion de continuer à lutter contre cette oppression », a-t-il ajouté ».

L’initiative des jeunes pour les droits de l’Homme, créée en 2003, « s’attache à promouvoir la réconciliation en établissant des liens entre les jeunes des Balkans, de différents groupes ethniques, régions et pays » afin d’empêcher « la résurgence du conflit ethnique qui a dévasté la région pendant tant d’années », explique le Conseil de l’Europe.

« La coopération régionale dans les Balkans est encore alourdie par la haine, par le manque de confiance, par les préjudices et par l’héritage de la guerre, les élites politiques, les sociétés de nos pays n’ont toujours pas renoncé à leur programme guerrier et à leur idéologie nationaliste », a mis en garde, en recevant le prix, Ivan Djuric, un des responsables de l’initiative.

Celui-ci a appelé les pays européens « à ne pas faire la sourde oreille aux bruits de la guerre qui viennent des Balkans » et à ne pas les considérer comme des étrangers, mais comme des Européens.

Créé en 2013 et doté de 60.000 euros, le prix Václav-Havel récompense des actions exceptionnelles de la société civile dans la défense des droits de l’Homme. En 2018, le prix avait été décerné à Oïoub Titiev, responsable en Tchétchénie de l’ONG russe Memorial, qui s’est vu accorder une liberté conditionnelle en juin après dix-huit mois de prison.

Pour le prix 2019, avait également été présélectionné l’avocat Buzurgmehr Yorov, condamné à 28 ans de prison au Tadjikistan en 2015 pour avoir reproché publiquement au gouvernement et aux forces de l’ordre de son pays des violations des droits humains.