Les « propositions des maires de France (AMF) en faveur de la laïcité » sont présentées dans un document qui se veut être une « boîte à outils de la laïcité à destination des maires de France confrontés à des difficultés concrètes. » En préambule, l’AMF donne sa définition de la laïcité, qui « assure la liberté absolue de conscience, consacre des droits égaux pour toutes et tous, sans tenir compte de leurs origines, de leurs croyances ou de leur absence de croyance. »

Les élus bousculés par « les reculs de la laïcité » abordent tous les thèmes, de la culture au sport, en passant par l’éducation et les repas à la cantine. Concernant ce dernier thème, l’AMF explique qu’il n’est « pas acceptable de commander des « menus confessionnels » et il est contraire aux règles laïques de déterminer les menus en fonction de motifs religieux ou philosophiques. » Excluant ainsi juifs, musulmans ou même végétariens d’un accès à un repas leur permettant, comme l’indique l’AMF, d’« assurer aux enfants de pouvoir manger, et bien manger. » Même si c’est déjà le cas un peu partout en France.

Si l’AMF estime que « les familles doivent s’adapter aux règles de l’école républicaine laïque et non l’inverse », elle oublie certainement que, comme l’avait indiqué Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, début juin, « la laïcité n’empêche pas les repas de substitution. Aller expliquer cet interdit par la laïcité, c’est instrumentaliser une notion contre les seuls musulmans de France. » Alors que le rapport de l’Association des maires de France dénonce la « communautarisation » de la population, l’AMF préfère jouer sur les mots. De peur sans doute de choquer un électorat potentiel, effrayé par la vue du mot « halal » ou du mot « casher. »

Des mots bien choisis pour protéger le principe de laïcité

Car les mesures que présente l’AMF ne risquent pas de balayer les problèmes d’islamophobie ou d’antisémitisme. Les maires de France proposent plutôt de mettre un voile sur ce qui pose souci : on ne servira plus de repas au nom d’une religion, mais on proposera simplement des menus sans porc. En résumé, comme le fait la mairie de Troyes, on offrira aux élèves des menus « diversifiés » et non « de substitution » ou « religieux. » Il sera possible, dans l’administration, de prendre des jours de congé pour les fêtes religieuses, mais surtout sans les justifier. Le débat sur la laïcité serait donc, pour les maires, un simple problème de sémantique.

Laïcité : l’exercice d’équilibrisme des maires de France (ici)

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