Nagib Azergui est le président-fondateur de l’Union des démocrates musulmans français (UDMF). Pour ce parti, lancé en 2012, il avait annoncé vouloir participer à la présidentielle. « Je savais pertinemment que je n’aurais pas les parrainages », admet le président de l’UDMF, qui compte bien imposer plusieurs candidats lors des législatives. Pour LeMuslimPost, Nagib Azergui fait le bilan de la présidentielle, dont le premier tour s’est joué hier.
LeMuslimPost : Quel bilan tirez-vous de ce premier tour ?
Nagib Azergui : Le premier tour de ces élections a laissé un sacré goût amer auprès de ceux qui avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon dans l’espoir d’en finir avec ce quinquennat de la honte qui aura légalisé la destruction de nos libertés, la dissolution en bande organisée des organisations musulmanes, en passant par la lapidation de nos services publics et de celui de nos acquis sociaux.
En effet entre les candidats qui avaient fait des musulmans un véritable thème de campagne, promettant leur remigration, les invitant à renoncer à l’islam, leur commandant de porter des prénoms chrétiens et le bannissement de tout voile dans l’espace public, les citoyens de confession musulmane n’avaient guère d’autres choix que de voter Mélenchon entre la peste et le choléra.
Ils ont fait le choix de la raison en votant pour le moindre mal. Ils furent nombreux, prédicateurs, imams, influenceurs à se mobiliser autour du candidat de la France Insoumise et naturellement, la déception fut forte à l’annonce des résultats.
Via les retours que vous avez sur le terrain, quel bilan tirez-vous de la situation de la communauté musulmane ?
Il est assez ironique,d’ailleurs, de voir des musulmans contraints de faire campagne pour celui qui leur crache le moins au visage surtout lorsque ce dernier prend leur défense et promet même d’abréger la loi Séparatisme. Et pourtant, les choses n’ont pas toujours été ainsi avec ce laïcard, franc-maçon, grand ami de Laurence Rossignol, déclarant hier encore que le voile était un signe de soumission et l’islamophobie une liberté d’expression.
Beaucoup lui pardonnent ces égarements sans les oublier pour autant, faute de mieux. Une grande partie de l’électorat musulman sait que les politiques ne viennent les draguer qu’en période électorale et qu’une fois les jeux faits, le mépris et l’oubli demeurent l’unique récompense.
Et maintenant, on fait quoi ?
Face à ce constat évidemment à charge et pragmatique, il est aujourd’hui vital, pour l’avenir de la communauté musulmane, de changer de logiciel afin de ne plus reproduire les mêmes schémas et surtout les mêmes erreurs. C’est ce que nous sommes en train de proposer dans ce pays. Un réel changement porteur d’espoir pour l’avenir de nos enfants et probablement le plus noble des héritages.
Voilà pourquoi, depuis des mois, nous nous sommes déployés et organisés afin de présenter des candidats sur plus d’une centaine de circonscriptions pour les législatives du mois de juin prochain.
C’est un rendez-vous indispensable, notamment après les résultats du premier tour de cette présidentielle. En effet, ces élections éliront les hommes et les femmes qui représenterons les Français au sein de l’Assemblée nationale et il faut bien comprendre qu’un président qui n’obtient pas la majorité absolue dans cet instance n’a aucun pouvoir.
Voilà pourquoi, il est important que la communauté musulmane puisse se saisir de cette opportunité afin de jouer un rôle d’opposant politique et afin de faire barrage aux projets incendiaires que voudrait appliquer le prochain président de la République élu.
Avec l’UDMF, les Français musulmans auront enfin la liberté et la certitude de voter, non pour le moins pire, mais pour le meilleur.