Dans son rapport « Un islam français est possible » sorti en septembre 2016, Hakim El Karoui estimait que « la nomination de Jean-Pierre Chevènement à la tête de la Fondation pour l’Islam de France n’est pas un signe encourageant et elle a suscité, malgré les qualités de cet ancien ministre, incompréhension et déception. » Notamment parce qu’il aurait mieux valu un musulman à la tête de l’organisation culturelle dont les objectifs restent encore flous. Ce fut sans doute là la meilleure analyse de l’ex-banquier de chez Rothschild. Et si, deux ans plus tard, Hakim El Karoui héritait finalement de ce poste tant convoité ? Reste à savoir si celui-ci est prêt à mettre à la poubelle son projet d’Association musulmane pour l’Islam de France (AMIF).

« Une figure qui incarne pleinement la dimension culturelle, voire intellectuelle de l’Islam de France. »

Dans une lettre adressée à ses administrateurs que LeMuslimPost a pu consulter, Jean-Pierre Chevènement dresse le (piètre) bilan de son organisation culturelle et affirme désirer « qu’un renouvellement s’opère à la tête de la Fondation. » L’ex-ministre de l’Intérieur compte plier bagage. Il rappelle, son âge aidant, qu’il n’a jamais caché « l’intention de (se) retirer » et en a d’ailleurs informé le ministère de l’intérieur au mois de juillet dernier. Chevènement voudrait désormais que son organisation « soit dorénavant présidée par un citoyen français de confession musulmane. »

Une information confirmée ce dimanche par le ministre de l’Intérieur. Christophe Castaner, lors d’un congrès organisée par le CFCM, a affirmé: « Après deux ans, la fondation va bientôt connaître une nouvelle étape avec sans doute une nouvelle équipe dirigeante. Il me paraîtrait logique qu’elle soit profondément ancrée dans l’Islam de France avec à sa tête une figure qui incarne pleinement la dimension culturelle, voire intellectuelle de l’Islam de France. » Reste à connaître la short-list à laquelle le ministre pense.

Jean-Pierre Chevènement et Tahard Ben Jelloun démissionnaires du conseil d’administration

A y regarder de plus près, on devrait trouver le futur président de la Fondation parmi les onze membres du conseil d’administration, plus précisément dans le collège de « personnalités qualifiées » dont font partie Jean-Pierre Chevèvenement, ainsi que l’écrivain Tahard Ben Jelloun lui aussi démissionnaire. Tous les deux seront remplacés par deux autres administrateurs. De source proche de la place Beauvau, Hakim El Karoui pourrait être l’un de ceux-là. Encombrant après ses multiples propositions et maladresses, mais dans les petits papiers d’Emmanuel Macron, l’ancien banquier aurait ainsi un point de chute assuré après l’échec annoncé de l’AMIF.

Un lot de consolation ? En tout cas, après avoir été président de l’Institut des Cultures d’Islam, présider la Fondation permettrait à Hakim El Karoui d’avoir enfin un rôle clé dans cet « Islam de France » qu’il prône tant et une rémunération à la hauteur de ses attentes. Et on voit mal les autres administrateurs obtenir ce poste : Ghaleb Bencheikh, présentateur de l’émission « Islam » sur France 2, a un planning déjà bien chargé même s’il pourrait faire figure d’outsider. Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon, pourrait, lui, être jugé trop clivant, plus religieux qu’intellectuel et trop partial. Dernière personnalité qui pourrait sortir du lot, notamment parce qu’elle est une femme : Najoua Arduini-Elatfani, ancienne présidente du Club XXIe siècle fondé par… Hakim El Karoui.