Le Premier ministre Edouard Philippe doit présenter aujourd’hui son nouveau plan contre le racisme, lors d’un discours au Musée national de l’Histoire de l’immigration à Paris. Une allocution qui coïncide avec le début de la Semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme. 

Ce plan, porté par porté par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), a pour objectif d’« ouvrir de nouveaux fronts pour mieux lutter contre la haine antisémite, raciste et homophobe ».

Un plan qu’Edouard Philippe veut « large » et « ambitieux », comme annoncé fin janvier après l’agression d’un enfant portant une kippa à Sarcelles dans le Val d’Oise. 

Pour cela, le Premier ministre souhaite s’attaquer aux réseaux sociaux, sur lesquels les propos racistes et antisémites prolifèrent. Ainsi, la loi française devrait évoluer afin de « renforcer les obligations de détection, de signalement, de suppression et de prévention de contenus illicites » sur internet, a déjà annoncé le premier ministre. 

Une volonté affichée également par Emmanuel Macron lors du dîner du CRIF. Il avait déclaré vouloir lutter contre la cyberhaine en collaboration avec les opérateurs du Net, et ce au niveau européen. Le gouvernement entend également promouvoir l’éducation aux médias et à l’information.

Sur le plan éducatif, d’autres mesures de prévention ont été annoncées. Il s’agit entre autres de renforcer le réseau des référents racisme-antisémitisme dans les établissements d’enseignement supérieur ainsi que la formation du personnel sur ces questions. Edouard Philippe a également prévu la création de deux bourses de thèse pour financer des travaux sur le racisme et l’antisémitisme. 

Depuis plusieurs années, les plans contre le racisme se succèdent

Concernant la protection des citoyens, le gouvernement souhaite améliorer l’accueil et la prise en compte des plaintes des victimes, en s’inspirant entre autres du modèle anglais. Au Royaume-Uni, un plaignant qualifie lui-même le mobile de son agression. 

De plus, dès septembre 2018, un réseau d’enquêteurs et de magistrats formés à la lutte contre la haine, devrait voir le jour. Pour mieux identifier ce phénomène, le gouvernement prévoit aussi la désignation de référents racisme et la mise en place d’un portail d’information et d’aide aux victimes de haine ou de discrimination raciste et antisémite. 

Mais toutes ces mesures sont loin d’être inédites. Depuis plusieurs années, les plans contre le racisme se succèdent, débutant en 2003 avec la création par Jacques Chirac du Comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme (CILRA), présidé par le premier Ministre.

Ainsi, Jean-Marc Ayrault avait renforcé le plan national d’action 2012-2014. Puis Manuel Valls avait dévoilé son propre plan en avril 2015, suite aux premiers attentats. 

Mais comme l’indique le Huffington Post, sur les 40 mesures promises par Manuel Valls en 2015, seules un peu plus de la moitié ont été engagées et/ou réalisées, selon le rapport d’évaluation. Malgré une volonté affichée de lutter contre le racisme depuis une dizaine d’années, on peut douter de l’efficacité de tels plans. 

Déjà en 2010, un rapport du Forum des droits sur l’Internet avait pointé du doigt le le  développement d’un « racisme ordinaire » sur la toile, sans que de véritables mesures n’aient vu le jour. 

Selon les derniers chiffres communiqués fin janvier par le ministère de l’Intérieur, les menaces et les actes racistes, antisémites, anti-musulmans et anti-chrétiens sont en diminution (de 1128 en 2016 à 950 en 2017) mais les actions violentes sont en hausse (de 77 à 97).