Des manifestations pro-palestiniennes ont été interdites par le ministère de l’Intérieur. En France, il est devenu difficile d’afficher son soutien à la cause palestinienne.
« Le conflit israélo-palestinien est extrêmement touchant. Nous avons tous des opinions face aux images. Mais ce conflit ne doit pas s’exporter sur le territoire national ». La sortie de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, pour justifier de l’interdiction de manifestations en soutien au peuple palestinien à Paris, Marseille ou encore Strasbourg, montre à quel point le sujet est sensible. Mais les intentions du ministre sont plus claires lorsqu’il indique qu’il « ne peut pas y avoir de manifestation de haine ou de manifestation antisémite ».
En France, apporter son soutien au peuple palestinien semble de plus en plus difficile. La faute notamment à un chantage à l’antisémitisme. « Cette instrumentalisation de l’antisémitisme a deux objectifs : le premier est, pour Netanyahu, de faire venir les juifs de France en Israël pour des raisons démographiques, car le projet sioniste ne peut pas tenir s’il n’est pas alimenté continuellement démographiquement. Le deuxième est de s’en servir pour disqualifier la lutte antiraciste et anti-islamophobie », nous expliquait déjà Dominique Natanson, coprésident de l’Union juive française pour la paix (UJFP) en 2017.
Mercredi dernier, le président de l’Association France Palestine Solidarité a été placé en garde à vue après un rassemblement qui avait été interdit par les autorités françaises. Le rassemblement était pourtant pacifique. Ces dernières années, les gouvernements successifs se sont d’ailleurs employés à contrer toute action du mouvement BDS, le jugeant antisémite.
La France de plus en plus discrète
On l’a vu au fil des années : soutenir la Palestine est devenu difficile en France, où l’on taxe d’antisémitisme les participants à des manifestations anti-Israël. « La formule magique ‘antisionisme égale antisémitisme’ avait été trouvée et sera désormais utilisée pour neutraliser tous les intervenants critiques de la démarche d’Etat israélienne. Elle sera utilisée de manière tout à fait déraisonnable à des fins d’intimidation », résume Robert Bistolfi, auteur du dossier « Palestine : le débat faussé ». En 2002, rappelle-t-il, les auteurs d’une tribune dans Le Monde, parmi lesquels Edgar Morin, Danièle Sallenave et Sami Naïr, avaient été poursuivis pour propos antisémites.
Si les soutiens à la Palestine sont régulièrement taxés d’antisémitisme, cela va de pair avec l’attitude de la France, qui est de plus en plus silencieuse face aux injustices. Paris n’avait en effet pas trouvé de chose à redire après l’annonce du plan de paix par Donald Trump. Sous Macron, la France s’est placée du côté américain sans broncher. Pour l’ancien diplomate français Denis Bauchard, spécialiste du Moyen-Orient, Emmanuel Macron « est extrêmement complaisant vis-à-vis de l’initiative américaine. Or il ne s’agit pas d’un plan de paix, mais d’annexion. Il est tout à fait contraire au droit international et aux résolutions de l’ONU et pose de telles conditions à la création d’un État palestinien qu’il l’exclut en réalité ».