Le CFCM a modifié ses statuts et va désormais miser sur ses conseils départementaux, tout en mettant fin à la mainmise des consulats étrangers sur son organisation.
Désavoué par l’État, le Conseil français du culte musulman (CFCM) vient de décider de ses nouveaux statuts. Lancé par Nicolas Sarkozy, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, le CFCM n’a jamais réussi à convaincre la communauté musulmane de son importance. Mais, à ses débuts du moins, l’organisation avait l’oreille du président de la République et du ministère de l’Intérieur. Jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron et Gérald Darmanin décident de mettre sur la touche le CFCM et son « islam consulaire », pour créer une autre structure, le Forif.
Un mal pour un bien ? Débarrassé de la tutelle de l’État, le CFCM peut désormais avancer sans que la place Beauvau n’interfère. Mais n’est-ce pas trop tard ? En tout cas, les membres du Conseil y croient encore, tant et si bien qu’ils ont donc donné du poids, dans leurs nouveaux statuts, aux « structures départementales » du CFCM. L’organisation veut ouvrir « la voie à une refonte profonde ». Il était temps. Mais même en relançant un dialogue avec la fameuse base qui lui échappe tant depuis des années, le CFCM n’a désormais plus accès à l’Élysée, qui ne compte plus sur lui.
Face au fait accompli, le CFCM s’est rendu compte de ses erreurs. Cette « réorganisation du CFCM sur la base de structures départementales dans lesquelles peuvent siéger, d’une manière égalitaire, toutes les mosquées de France » est donc une avancée. D’autant que, selon le communiqué de l’instance, c’est également la « fin du système de cooptation » de la moitié des membres du CFCM. Autrement dit, l’Algérie, le Maroc et la Turquie ne seront plus aussi puissantes qu’avant.
L’organisation estime que, « par ces deux changements, le CFCM souhaite ainsi redonner la parole aux acteurs locaux élus par leurs pairs qui auront la légitimité nécessaire », et ajoute que « ces acteurs que réunissent des préoccupations communes aboliront les frontières et les divisions artificielles qui ont lourdement entravé le CFCM dans ses missions ». Reste qu’il faudra composer sans plusieurs fédérations, dont celle de la Grande mosquée de Paris, qui ont lancé leur propre organisation.
Reste que le CFCM se targue de représenter « plus de 1 100 mosquées », soit, dans l’absolu, près de la moitié des lieux de culte du pays. C’est désormais le moment, pour le CFCM, d’aller prêcher la bonne parole sur le terrain.