Anglo-bangladaise née en Essex, au Royaume-Uni, Ruqsana Begum est la seule femme musulmane championne nationale de Muay Thai (boxe thaïlandaise). C’est à 18 ans qu’elle monte combattre sur le ring, mais aussi en dehors, afin d’inciter plus de femmes musulmanes à se lancer dans le sport en général. C’est alors que lui vient l’idée, l’année dernière, de lancer sa propre marque de hijabs en lycra pour l’entraînement sportif et la compétition.

Dans son court-métrage, Endurance Test : Ruqsana Begum, le jeune réalisateur anglais David Leon nous dresse le portrait d’une femme forte à l’histoire fascinante : l’histoire d’une musulmane combattante mais aussi championne de Muay Thai, un sport dominé par les hommes.

Surmonter différents obstacles

En dehors d’un contexte international où fusent les amalgames faits par les médias sur ce qu’est réellement la femme musulmane, Ruqsana réussit déjà à son échelle à surmonter les préjudices raciaux, sociaux, sexistes et religieux prédominants dans le monde du sport et de la boxe en particulier. Elle brise ainsi une multitude de stéréotypes puisqu’elle – et toutes les valeurs qu’elle incarne – se bat pour un sport loin d’être glamour ou lucratif. Dans ce court-métrage, David Leon s’infiltre dans l’univers de Ruqsana Begum et parvient à filmer, avec une certaine pudeur, la détermination de la femme qui découle d’une profonde foi religieuse. En parallèle, on observe la relation entre la jeune femme et son entraîneur, Bill Judd, proche d’une relation père-fille. Les deux font part des obstacles que la jeune femme de 33 ans aujourd’hui a dû surmonter. Elle a rencontré toutes sortes de difficultés et ce, très tôt : le seul fait de pouvoir sortir dehors devait être négocié au préalable avec ses parents. « Si j’avais un œil au beurre noir, je le cachais, je courais dans ma chambre », confie-t-elle. Mais après avoir démontré une détermination sans pareille, la jeune femme a fini par gagner le soutien de ses proches, un soutien qui se traduit en grande partie par leur non-interposition entre Ruqsana et sa passion.

La religion musulmane et le sport

Concilier pratique religieuse et sport n’est pas souvent évident. Cependant, Ruqsana a fini par réaliser que le sport pouvait en réalité se marier parfaitement avec la religion musulmane. « Si je n’avais pas ma religion, et ma foi en Dieu, ma vie aurait été très difficile, parce que c’est de là que je puise ma force », raconte-t-elle, même si certains compromis doivent être fait. En effet, le jeûne durant le mois de Ramadan n’est pas chose facile : « j’avais l’habitude de jeûner pendant Ramadan tout en m’entraînant, mais j’ai fini par souffrir de fatigue chronique et cela devenait de plus en plus dur de jeûner et m’entraîner en même temps. Depuis, je ne jeûne que quand je me sens bien », confie-t-elle à Vice lors d’une interview.

En tant que femme combattante de Muay Thai, musulmane, d’origine bangladaise, née en Angleterre, les challenges sont démultipliés : « c’est difficile d’être musulmane, c’est difficile d’être anglaise, j’essayais d’être l’une ou l’autre, alors que maintenant je réalise que je peux être les deux », narre-t-elle. La sportive incarne la diversité, elle représente à la fois les femmes mais aussi les hommes du monde sportif, d’origines, de cultures et de religions différentes. « Le jour où elle est venue me voir, elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit « je veux me battre ». Je pouvais le voir en elle mais je ne comprenais pas la culture : était-il possible pour les hommes et les femmes de s’entraîner ensemble ? Que se passerait-il si elle se blessait ? », raconte Bill Judd, dans le court-métrage. « Elle a de fortes croyances et valeurs qu’elle n’abandonnera pour rien au monde. […] Quand j’ai commencé à comprendre les obstacles qu’elle avait à surmonter, j’ai réalisé sa réelle force intérieure », poursuit-il.

Le sport est encouragé dans l’Islam et Ruqsana aimerait que les jeunes femmes passionnées de sport comme elle réalisent qu’elles peuvent s’y adonner sans crainte. C’est aussi à travers sa ligne de vêtements de sport qui propose des hijabs en lycra qu’elle espère aider ces jeunes femmes. Ruqsana a surmonté obstacle après obstacle et démontre qu’une femme peut tout faire. A cette phrase : « Tu es musulmane tu ne peux pas faire ça », elle répondait et continuera de répondre « Je peux ».