Mardi dernier, Rabat annonçait la rupture de ses relations diplomatiques avec Téhéran. Le problème ? Selon le Maroc, le Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran, aurait apporté un soutien militaire au mouvement indépendantiste sahraoui. Or, le Polisario est soutenu par l’Algérie, combattu par le Maroc. Depuis plusieurs mois, Rabat tente de rallier ses voisins et d’autres pays à sa cause.

Alors, quand le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, a indiqué qu’il avait des « preuves irréfutables » de l’ingérence iranienne au Sahara Occidental, Rabat ne s’est pas fait prier pour couper ses liens avec l’Iran.

Riyad et Israël soutiennent Rabat

Selon le Maroc, le Hezbollah aurait facilité la livraison d’armes, mais pas seulement. Rabat assure que des membres de l’organisation libanaise se seraient rendus régulièrement dans les camps de Tindouf pour former des combattants du Polisario, aussi bien militairement que dans le domaine du renseignement. Des accusations démenties par le Hezbollah, par Téhéran et même par Alger.

Rabat a rapidement reçu le soutien de Riyad — les deux pays sont déjà engagé ensemble dans la guerre au Yémen — et ses alliés du Golfe. C’est une véritable partie de poker menteur qui se joue : les Etats-Unis et Israël poussent leurs potentiels alliés à se désolidariser de l’Iran, comme ils l’avaient d’ailleurs fait avec le Qatar au début de la crise du Golfe.

le coordinateur du Front Polisario avec la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara-Occidental (Minurso) accuse le Maroc d’obéir « à un ‘petit opportunisme politique’ visant à ‘contourner la reprise des négociations politiques directes demandée par l’Onu’ pour le règlement du conflit du Sahara-Occidental, à travers un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, un processus en cours depuis le cessez-le-feu de 1991. »

Rabat veut rallier les Etats-Unis à sa cause

Le politologue Rachid Grim, interrogé par TSA, estime que « le Maroc brasse de l’air. » Selon lui, « avec la rupture de ses relations avec l’Iran, le Maroc ne fait que suivre les autres pays du Golfe. » Et ce en vue d’une réunion qui abordera le sujet du Sahara Occidental dans quelques mois à  l’ONU. « Le Maroc, continue le politologue, a besoin de rallier le plus grand nombre de pays à sa cause et notamment les Etats-Unis qui sont toujours neutre par rapport à cette question. Aujourd’hui, cela risque de changer avec Donald Trump. » Et l’Iran pourrait jouer un rôle déterminant dans la future décision des Etats-Unis de soutenir le Maroc au Sahara Occidental.