Deux semaines à peine après l’attentat de Nice qui a coûté la vie à 84 personnes, la France est de nouveau touchée par le terrorisme. Deux djihadistes ont égorgé ce mardi le père Jacques Hamel, prêtre auxiliaire de l’église de St-Etienne-du-Rouvray, en Normandie, tandis qu’un autre homme se trouve toujours dans un état grave. L’Etat Islamique a revendiqué cet assassinat perpétré notamment par un individu connu et fiché par les services de police. 

« L’Etat Islamique nous a déclaré la guerre », a proclamé un François Hollande accablé, lors de son déplacement à Saint-Etienne-du-Rouvray, petite localité normande proche de Rouen. Sans manquer, dans le même temps, de lancer un appel à la solidarité et à l’union de tous les Français. Accompagné du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, le chef de l’Etat a nommément désigné Daesh comme étant à l’origine de l’attentat perpétré contre le père Hamel par deux jeunes inféodés à l’organisation terroriste.

Une revendication confirmée par l’Etat Islamique quelques instants plus tard, par le biais de son agence Aamaq. Le président de la République, s’exprimant à nouveau le soir même en direct à la télévision, a réaffirmé la « détermination absolue du gouvernement à vaincre le terrorisme », alors que la France et l’Europe plus généralement font face à « une menace qui n’a jamais été aussi élevée« . Pourtant, à contre-courant des exigences de l’opposition, Hollande a refusé de durcir les lois antiterroristes : « Limiter nos libertés ne va pas apporter plus d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il tenu à préciser.

Le récit des événements

La victime, Jacques Hamel, avait 84 ans. Armés de couteaux, deux terroristes se sont introduits dans l’église à 09h25, alors que le père Hamel officiait, selon les informations données par François Molins, le procureur de la République de Paris. Six otages ont été retenus à l’intérieur de l’édifice : la future victime, trois religieuses et un couple de fidèles. L’une des religieuses, Soeur Danielle, réussit à s’échapper et à alerter les autorités. Les terroristes ont ensuite obligé le prêtre à s’agenouiller et, tout en filmant la scène, l’ont tué de coups de couteau portés à la gorge et au thorax. La vie de l’autre homme présent, blessé également à la gorge, n’est heureusement pas en danger.

Les forces de l’ordre sont intervenues rapidement sur place, et ont encerclé les lieux. Elles ont tenté, en vain, de négocier avec les assaillants. Pas plus qu’ils n’ont pu s’introduire dans l’église, les djihadistes ayant pris soin de placer trois otages derrière la porte. Peu de temps après, les otages sont sortis immédiatement suivis des terroristes, dont l’un braquait une arme. « Tous deux ont crié Allah Akbar« , a précisé Molins, avant d’être abattus par la police. L’un des terroristes était cintré d’explosifs factices et portait trois couteaux ; le second portait un sac à dos rempli également de dispositifs explosifs tout aussi faux.

Adel Kermiche était connu et suivi par la police

L’un des tueurs a été formellement identifié. Il s’agit d’Adel Kermiche, né en 1997 dans le département de la Seine Maritime. Il avait tenté, à deux reprises, de se rendre en Syrie. Il a été détenu par la police allemande avant d’être livré aux autorités françaises, qui l’ont placé sous contrôle judiciaire. Moins de deux mois plus tard, sa famille a informé de sa disparition ; il sera arrêté en Turquie. Remis une nouvelle fois à la France, il sera inculpé et placé en détention préventive durant quatorze mois, à partir de mars 2015. Libéré en mai dernier, il restait néanmoins sous contrôle judiciaire : obligé de porter un bracelet électronique, il devait se signaler une fois par semaine au commissariat et n’était autorisé à sortir de chez lui – dans la limite du département – que les matinées des jours ouvrables. Quant au second assaillant, actuellement en détention, son identité n’a toujours pas été dévoilée. On sait simplement qu’il est né en 1999 en Algérie.

L’attentat de ce mardi a eu comme scène une paroisse tranquille de la France « profonde ». En avril 2015 déjà, les autorités avaient déjoué un projet d’attentat contre une église de Villejuif, dans la banlieue parisienne. Des actes qui ne visent en fait qu’un objectif : attiser la haine inter-religieuse, et susciter des représailles envers la communauté et les lieux de culte musulmans. Jusqu’à quand l’union prônée par François Hollande pourra-t-elle tenir ?

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