Dans un communiqué diffusé lundi 13 décembre, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a dénoncé les propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Ce dernier avait signifié sur le plateau de RTL la rupture du dialogue entre le CFCM et l’État.
Association française placée sous l’égide du ministère de l’Intérieur, le Conseil français du culte musulman a vocation à représenter les musulmans de France et défendre leurs intérêts auprès des pouvoirs publics. Créé sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy en 2003, alors ministre de l’Intérieur, il traverse aujourd’hui des turbulences avec le locataire de la Place Beauvau.
Invité du Grand Jury de RTL dimanche 12 décembre, Gérald Darmanin a déclaré « Aujourd’hui, le CFCM, c’est-à-dire la représentation de l’Islam consulaire (les Marocains, les Algériens…) est morte. Le CFCM pour les pouvoirs publics, pour la République française n’existe plus, n’est plus leur interlocuteur ». Les propos du ministre ont provoqué un tollé auprès des représentants du culte musulman, en particulier le président du CFCM, Mohamed Moussaoui.
Ce dernier a rétorqué par la voie d’un communiqué officiel précisant que « Cette déclaration n’est pas acceptable ni sur la forme ni sur le fond. Des propos de cette gravité ne peuvent être tenus par un ministre de la République dans un langage approximatif, au détour d’une réponse à une question d’un journaliste (…) La rupture unilatérale du dialogue entre les pouvoirs publics et l’instance représentative du culte musulman n’a jamais été signifiée au CFCM ».
Mohamed Moussaoui a tenu à rappeler que c’est au sein du CFCM « que la charte des principes pour l’islam de France a été rédigée » et qu’il œuvre depuis de nombreuses années aux côtés de l’État. Cette rupture est contraire aux « règles et usages en vigueur dans un État de droit comme le nôtre ».
Cette tension intervient quelques semaines à la suite de l’adoption de la loi « confortant le respect des principes de la République » dite loi contre le « séparatisme ». En réalité, depuis plus d’un an, l’exécutif français et en particulier l’Intérieur, a décidé d’intensifier la lutte contre la radicalisation et toutes les dérives de l’islam. Mais en privilégiant le combat contre l’extrémisme religieux, Gérald Darmanin sape le dialogue et les relations avec les associations, et les organismes du culte musulman, promouvant un islam modéré. Ce qui apparait aujourd’hui, c’est la vendetta menée contre les musulmans en France. La volonté affichée des membres du gouvernement, à travers des décisions inédites, témoigne d’une véritable stratégie d’ostracisation des musulmans d’une part, et des institutions et organisations du culte musulman, d’autre part.
La récente annonce du gouvernement, sur la tenue en janvier ou février d’un « forum de l’islam de France » portant sur la formation des imams ou le droit du culte en partenariat avec des acteurs locaux risque d’aggraver ce climat de tensions si le CFCM est contourné. L’entourage de Darmanin a fait savoir que le CFCM est « complètement paralysé depuis un an », et cela pose des questionnements sur l’interlocuteur à privilégier pour cet événement tant attendu.