Accusé de nombreux meurtres de musulmans en Birmanie, Ashin Wirathu a vu son mouvement, le Ma Ba Tha, être interdit par les autorités bouddhistes du pays après la médiatisation des méthodes de ce moine extrémiste lors du festival de Cannes et la diffusion du documentaire de Barbet Schroder qui lui est consacré. Une interdiction de façade puisque, nous apprennent Les Inrocks, Ashin Wirathu continue à prêcher la haine au travers d’un nouveau mouvement, celui-ci autorisé. Il n’aura fallu que cinq jours au « nouvel Hitler birman » — son surnom — pour créer la Fondation philanthropique Bouddha Dhamma. Wirathu, avec cette fondation, a décidé de poursuivre les objectifs du Ma Ba Tha, mais sera désormais composé de laïcs, ce qui l’exonère de l’avis de la haute assemblée bouddhiste de Birmanie. Dans Les Inrocks, David Camroux, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de Sciences-Po, explique que c’est ainsi « une façon de contourner l’interdiction » car, ajoute-t-il, « pour le moment, on ne peut rien lui reprocher ».

Mais l’objectif restera le même, que le Ma Ba Tha ait changé de nom ou pas : s’en prendre aux 4 % de musulmans birmans. Mais cette fois, Ashin Wirathu quitte la sphère religieuse pour lancer un mouvement plus proche d’un parti politique, même si le « Hitler birman » semble ne pas vouloir accéder à de hautes fonctions politiques. Pour David Camroux, Wirathu défie, avec sa nouvelle fondation, « le mouvement d’Aung San Suu Kyi, l’Etat et les autorités religieuses » qui laissent faire le prédicateur extrémiste. Aung San Suu Kyi qui reste toujours mystérieusement silencieuse face aux exactions commises contre les Rohingya, la minorité la plus persécutée dans le monde. Le gouvernement a bloqué l’arrivée d’aides humanitaires en Birmanie et selon le spécialiste de l’Asie, l’ex-Prix Nobel de la Paix pourrait bien, si son gouvernent connaît quelques difficultés, trouver en Wirathu un allié de taille. La Birmanie sombrerait alors dans une islamophobie d’Etat assumée. Un drame.