Une note des services de renseignement censée être « ultra confidentielle » a été révélée ce mardi matin par Europe 1. Cette note pointe « les dérives du communautarisme à l’école », explique la radio. Reçue par le cabinet du président de la République, du Premier ministre et du ministre de l’Education nationale, la note évoque « les signalements de cas de communautarisme musulman dans les établissements scolaires », alors qu’un sondage récent révélait que les entorses à la laïcité dans les écoles étaient très rares.

La radio évoque pourtant très sérieusement plusieurs exemple de cas, comme le refus de certains élèves de suivre des cours dans des salles rouges qui seraient jugées « haram » ou le refus de dessiner des représentations humaines par certains élèves. En réalité, ces cas semblent très rares, voire isolés et même pour certains tout droit sorties des légendes urbaines. Mais la note, forcément, met le feu aux poudres en révélant des événements anecdotiques comme le jour où des élèves ont refusé d’aller à la piscine pendant le mois de ramadan de peur de boire la tasse et ainsi de rompre le jeûne.

En juin, le secrétaire du SE-UNSA et du CNAL, Rémy-Charles Sirvent, prenait plus de pincettes lorsqu’il indiquait au Monde qu’il fallait différencier ce qui relève de « la contestation avérée », de « la provocation adolescente », mais aussi « l’ignorance », la « méconnaissance », les « croyances » ou encore « l’endoctrinement. » Les faits dénoncés dans la note des services de renseignement sont en tout cas flous et non quantifiés. Autrement dit, le danger est de croire que les quelques cas relevés par ce document seraient monnaie courante.

Mais à quoi riment ces révélations ? Aucune source n’est citée dans cette note des services. Est-ce le résultat de remontées réelles de la part d’établissements scolaires ou est-on dans le pur fantasme ? Impossible de le savoir. La fuite de ce document semble être la suite logique de l’opération de communication ratée du ministère de l’Education qui avait fourni des chiffres très vagues sur sa hotline fourre-tout.

La fuite de cette note — plus que la note en elle-même — montre en tout cas une certaine effervescence autour des questions d’Islam et de laïcité dans les plus hautes instances de l’Etat. Jusqu’ici plutôt serein et patient sur le sujet, Emmanuel Macron est aujourd’hui pressé de toutes parts par des intervenants extérieurs — Hakim El Karoui, de l’Institut Montaigne, ou encore certains membres du Conseil des sages lancé par Jean-Michel Blanquer — alarmistes quant à la situation du pays et quelque peu pyromanes. Le débat à venir risque d’être très, très apaisé…