Suite au drame de Calais, survenu le 24 novembre dernier dans la Manche, l’association Utopia 56 a décidé de porter plainte devant le tribunal de Paris ce vendredi 17 décembre. La plainte vise le préfet maritime et les garde-côtes britanniques ainsi que le CROSS Gris Nez.
Il y a quelques semaines de cela, Calais observait l’accident le plus meurtrier jamais survenu dans la Manche. Au moins 27 personnes ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation de fortune. Seules deux personnes ont pu être sauvées à la suite de ce drame. Le témoignage de ces deux rescapés, affirmant avoir lancé des appels de détresse en vain, aux secours français et britannique en mer a motivé Utopia 56 à porter plainte pour « homicide involontaire » et « omission de porter secours ».
Utopia 56 est une association d’aide aux personnes migrantes et exilées arrivées en France. Dans un communiqué, elle explique les motivations de la plainte déposée devant la procureure de Paris. « Selon les témoignages des deux personnes rescapées, de proches des personnes décédées et de personnes ayant réussi la traversée le même jour, « des appels de détresse auraient été portés aux services de secours français et anglais » avant la découverte des corps par un bateau de pêche ». Elle dénonce qu’« aucun secours ne leur aurait été immédiatement apporté ».
A travers cette procédure, il s’agit de faire en sorte que « toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce naufrage ». Britanniques et Français se rejettent mutuellement la responsabilité, au point d’oublier qu’il est question de vies humaines, ayant péri. Utopia 56 décrit une situation similaire, remontant au 20 novembre dernier. « Ce matin-là, l’équipe d’astreinte d’Utopia 56 a reçu un appel de détresse depuis une embarcation à la dérive. Dans l’un des messages vocaux envoyés depuis l’embarcation, une personne exilée nous disait : « Par exemple si j’appelle le 999 (numéro d’urgence et de secours au Royaume-Uni), ils disent appelez la France et quand on appelle la France ils nous disent de contacter le Royaume-Uni. Les deux de moquent de nous ».
Ce drame interroge sur la gestion des flux migratoires dans la Manche, mais surtout sur la politique migratoire mise en place en France. La jungle de Calais, démantelée à de nombreuses reprises, illustre bien le sort réservé aux personnes migrantes, réfugiées et exilées arrivant clandestinement en France, et fuyant leur pays d’origine. Les conditions de vie inhumaines, témoignent de l’urgence de la situation dans cette zone. A l’heure où des militaires en mission Vigipirate s’amusent à faire un rodéo avec leur voiture près d’un camps de migrants à Calais, des centaines de personnes rêvent d’un lendemain meilleur.
Malgré une politique de plus en plus répressive, les traversées de la Manche sont de plus en plus fréquentes par voie terrestre comme navale. Emmanuel Macron avait précisé en 2018 qu’il était hors de question de voir la jungle se reformer. Les moyens financiers ont été engrangés, pour réduire les flux clandestins. Pourtant, au lieu de privilégier des moyens humains pour venir en aide aux migrants, qui en dépit de leur « statut » irrégulier en France, demeurent des personnes à part entière, l’Hexagone préfère la violence et la brutalité. Plusieurs associations et collectifs ont appelé à la mise en place de lieux d’accueil, de transit par l’État, mais cela reste difficile à réaliser.
En réalité, le pays des droits de l’Homme n’en a que faire des réfugiés et migrants clandestins. Il ambitionne de procéder à une migration plus sélective, pour rehausser l’économie française et booster ses différents secteurs d’activités. Les exilés et migrants, en résidence irrégulière, n’ont aux yeux de la France, aucune plus-value, et cette dernière n’hésite pas à leur faire comprendre. L’absence de politique migratoire à caractère humain, fondée sur la dignité de la personne humaine, et le respect de ses libertés et droits en est la parfaite illustration.