Dans l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, ce samedi 26 septembre 2015, Nadine Morano a fait le show. Invitée pour faire une simple autopromotion – elle n’avait ni livre ni actualité à défendre – l’eurodéputée des Républicains a fait fort et s’est offert un buzz gratuit, dont on se serait bien passé.

A coups de raccourcis et d’informations erronées, l’ex-lieutenant de Nicolas Sarkozy a ainsi déclaré : « Pour qu’il y ait une cohésion nationale, il faut garder un équilibre dans le pays, c’est-à-dire sa majorité culturelle. Nous sommes un pays judéo-chrétien – le général de Gaulle le disait –, de race blanche, qui accueille des personnes étrangères. J’ai envie que la France reste la France. Je n’ai pas envie que la France devienne musulmane. » Devant deux chroniqueurs médusés, mais incapables de la contrer dans son argumentation fallacieuse.

Elle dit ce que Le Pen n’aurait jamais osé dire

Dans cette diatribe enflammée, Nadine Morano vient de dire tout haut ce que même Marine Le Pen n’aurait jamais aussi dire. Surtout, elle contrevient à deux lois, dont celle de 1905, dont l’article 1er indique que « la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. » Mais aussi la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés qui indique, dans son article 8, qu’il est « interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses. » Car pour ne pas avoir envie que la France devienne musulmane, il faudrait tenir un décompte.

Par ailleurs, Nadine Morano utilise le mot « race blanche », en déclarant : « Je suis désolée, c’est un mot qui est dans le dictionnaire, je ne vois pas en quoi il est choquant. » Comme l’indique Le Monde, si « race » se trouve en effet dans les dictionnaires – le Larousse signale d’ailleurs dans sa définition que le mot « est au fondement des divers racismes et de leurs pratiques » – il a été supprimé en 2013 de la législation française par l’Assemblée nationale. En une soirée, un 26 septembre 2015, Nadine Morano vient de décomplexer le racisme. Aujourd’hui, on peut enfin crier son racisme et son islamophobie. A une heure de grande écoute qui plus est.

Des informations fausses pour étayer son argumentaire

Enfin – et il pourrait s’agit là d’un détail, si ce n’est qu’il prouve que l’ex-ministre utilise des informations erronées pour construire son argumentaire –, Nadine Morano indique dans son intervention que la Tunisie a interdit le port de la burqa – ou voile intégrale –, ce qui est de la désinformation totale. Le port du voile intégral a été débattu par les autorités, mais n’a en rien fait l’objet d’une quelconque loi. Les animateurs du débat, sur cette question, ne contredisent pas Nadin Morano qui fait preuve de désinformation. Un scandale sur le service public.

Et le pire aujourd’hui est qu’aucun Républicain n’a encore eu le courage de se désolidariser des propos de Nadine Morano. Même un Alain Juppé, pourtant plus habitué à être dans la mesure. Ce lundi, la France se réveille avec une gueule de bois. Une femme politique a affirmé à la télé qu’elle ne voulait pas d’un islam majoritaire en France. Sous les applaudissement du public et soutenue par le silence assourdissant des hommes politiques français.

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