A l’image de Airbnb, les plateformes Muzbnb et Oummaloc ont été lancées : en janvier dernier pour la première et il y a quelques mois pour la deuxième. 

Les deux plateformes proposent des services équivalents, mais y ont rajouté une touche « muslim ». En effet, il est possible d’être hébergé selon les règles de l’Islam, à savoir dans des appartements ou maisons sans alcool, sans porc, ni drogues. Des habitations sont même dotées de tapis de prière, ou sont situées à proximité de mosquées. 

Des éléments importants pour les voyageurs musulmans, qui souhaitent des logements correspondant le plus possible à leurs attentes et à leur mode de vie. 

Hadi Shakur, entrepreneur américain, conscient de cette demande latente a donc présenté le 11 janvier dernier sa future plateforme (mise en service en avril prochain) appelée Muzbnb. 

« Il est parfois compliqué de voyager quand on est musulman. Soyons honnêtes, dans le climat actuel, les musulmans sont confrontés à une série de stéréotypes et même de harcèlement. (…) Outre la menace de l’islamophobie, nous avons, en tant que musulmans, des éléments à prendre en compte lorsque nous voyageons, comme savoir où prier et où trouver de la nourriture halal », explique son concepteur. 

Des filtres de recherche spécifiques pour les locations ont donc été prévues, incluant la proximité avec des lieux de culte musulman, mais aussi la présence ou non d’ouvrages religieux ou encore le niveau de sécurité pour des femmes voyageant seules.

« Notre but est simple : nous voulons encourager le voyage, l’aventure et la création d’une communauté internationale où les musulmans se sentent à l’aise et acceptés pendant leur séjour », indique Hadi Shakur au site The Memo.           

Pour Oummaloc, dont le site n’est pas non plus encore fonctionnel, l’idée est la même : 

« La communauté musulmane partage des valeurs, des principes mais aussi un mode de vie. En réservant un hébergement à travers la plateforme, les voyageurs seront plus sereins à l’idée d’avoir un hôte qui les comprend et qui connait leurs attentes (prières, pudeur, nourriture hallal, pas d’alcool, etc…). De plus, la plateforme propose certains critères de sélection répondant aux attentes des musulmans, tels que la proposition de logements exclusivement réservés aux hommes ou aux femmes », explique Oummaloc dans un communiqué. 

Pour se rémunérer, les deux sites prévoit une commission entre 13 % et 15 % sur chaque réservation. Un bon filon sachant la communauté potentielle de 1 milliard de personnes à laquelle s’adresse les plateformes. Le tourisme islamique est également en plein essor dans le monde.

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Les requêtes d’Afro-Américains 16 % moins acceptées que celles d’Américains blancs selon Harvard

Mais doit-on y voir un risque ou une dérive ‘communautariste’ ? Hardi Shakur anticipe les critiques et précise déjà que sa plateforme n’est pas réservée uniquement aux musulmans mais à « tous ceux qui supportent les valeurs de l’Islam ».

De plus cette idée d’un « Airbnb communautaire » n’est pas nouvelle. Le site Noirbnb, dédié aux Afro-Américains, a été crée cet été, en réaction aux discriminations subies par les internautes utilisant Airbnb. Une étude d’Harvard montre d’ailleurs les comportements racistes des loueurs sur la plateforme. 

« Dans une expérience sur Airbnb, nous avons constaté que les requêtes d’internautes avec des noms afro-américains sont 16 % moins susceptibles d’être acceptées par rapport à des requêtes identiques de voyageurs portant des noms apparaissant comme « blancs » », est-il écrit dès le début du rapport. Les auteurs estiment même que «  les choix de conception actuels d’Airbnb facilitent les discriminations ».  

Début 2016, la plateforme avait d’ailleurs dû répondre aux sollicitations des internautes qui avaient lancé le hashtag #AirBnbWhileBlack. Ils avaient mentionné les remarques racistes et agressions verbales de la part des loueurs. La société avait alors promis de s’attaquer à ce problème de discriminations, publiant un rapport d’une trentaine de pages et proposant notamment la création d’une charte collective entre les voyageurs et les hôtes afin qu’ils collaborent « indépendamment de leur race, religion, nationalité, handicap, sexe, genre, orientation sexuelle ou âge. »

Il existe également d’autres formules « Airbnb » lancées pour d’autres communautés comme « mister b&b », un site dédié à la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) lancé en 2013, mais aussi Jewgether, pour les juifs.