A la fin de l’état d’urgence, la salle de prière de la cité des Indes à Sartrouville avait été rouverte par les autorités françaises après avoir été accusée, entre autres, d’apporter « un soutien pérenne » à Oussama Ben Laden depuis les années 2000. Dans LeMuslimPost, Saïd Djelleb, président de l’Association cultuelle des musulmans de Sartrouville, s’étonnait de l’intérêt soudain des autorités pour son lieu de culte. Dans cette mosquée qui ferait des « prêches radicaux » et qui ferait preuve « d’hostilité aux principes républicains », l’imam œuvre depuis dix-huit ans. « On voudrait nous faire croire que, pendant toutes ces années, il a eu pignon sur rue et qu’ils l’ont laissé tranquille », questionnait alors Saïd Djelleb.

Malgré la fin de l’état d’urgence d’exception, la mosquée de Sartrouville a à nouveau été fermée, a indiqué ce lundi la préfecture des Yvelines. Après avoir déjà fermé ses portes pendant un mois, le lieu de culte ne sera resté ouvert que trois petites semaines. La fermeture administrative a été décidée pour une durée de six mois.

« On n’a rien à se reprocher »

Que reproche-t-on aux dirigeants de la mosquée ? Selon la préfecture, la salle de prière serait un « foyer ancien de l’Islam radical. » L’administration pointe une nouvelle fois « des prêches radicaux, marquant leur hostilité aux principes républicains et incitant à la haine à l’encontre des autres religions. »

Saïd Djelleb assure pourtant avoir « fait preuve de transparence avec le préfet » et avoir « fait les concessions nécessaires », même s’il l’assure : « On n’a rien à se reprocher. » Le mois dernier, le président de l’Association cultuelle des musulmans de Sartrouville s’étonnait des accusations proférées à son encontre : « Avec toutes ces accusations, les services de renseignement français ne nous ont jamais sollicités, ni l’imam ni moi-même. Donc soit il y a une défaillance de l’Etat français, soit le préfet ment », expliquait-il.

Le préfet seul maître à bord

Jugeant cette fermeture arbitraire, les responsables de la mosquée sont bien décidés à prouver que les accusations sont infondées. Mais face au terme « radical », impossible de lutter : la nouvelle loi antiterroriste prévoit que les préfets peuvent ordonner la fermeture d’un lieu de culte dès lors qu’ils considèrent que « les propos qui y sont tenus, les idées ou les théories qui y sont diffusées ou les activités qui s’y déroulent, provoquent à la discrimination, à la haine, à la violence, à la commission d’actes de terrorisme en France ou à l’étranger, ou font l’apologie de tels agissements ou de tels actes. » Une disposition qui ne nécessite plus la validation d’un juge et qui ne nécessite aucune vérification réelle des propos en question.