Depuis plusieurs années, les dirigeants de la mosquée de Clermont-Ferrand sont accusés par leurs fidèles d’avoir détourné de l’argent, après que les Clermontois ont découvert des irrégularités dans les comptes. Au cœur du scandale, une Société civile immobilière (SCI) qui gère, de façon pour le moins opaque, les murs de la mosquée de Clermont-Ferrand. L’affaire remonte à 2013 : l’association La Grande mosquée de Clermont et d’Auvergne, qui gère le lieu de culte, se demande où en est le projet de bâtiment réservé à des activités culturelles. De nombreux dons ont été faits pour la construction de ce lieu, pourtant au point mort. Près de 1,2 million d’euros de dons auraient été récoltés alors que le prix des travaux réalisés à l’époque s’élevait à 200 000 euros. Karim Djermani, le secrétaire général de la mosquée, et Hocine Mahdjoub, l’imam-président, refusent toute accusation.

« Nous, nous avons demandé un président qui soit de Clermont-Ferrand »

Mais il y a trois mois, la mort de l’imam rebat les cartes. La semaine dernière, le secrétaire général de l’association invite les membres à participer à une assemblée générale extraordinaire pour « l’accueil » et la « nomination » du nouveau président. Problème : personne n’a donné l’aval à une quelconque candidature et plusieurs membres n’ont jamais reçu la convocation. Mohamed Messoussa s’en étonne et demande à ce que la réunion soit ouverte aux fidèles. « Les statuts de l’association indiquaient que, en cas de décès, la présidence reviendrait à un héritier de l’imam », s’étonne le fidèle clermontois qui voit d’un mauvais œil le fils de Hocine Mahdjoub prendre la tête de l’association. Devant la colère des fidèles, Karim Djermani propose un président venu d’Algérie. « Nous, nous avons demandé un président qui soit de Clermont-Ferrand », indique Mohamed Messoussa.

Les fidèles de la mosquée trouvent porte close

Finalement, l’assemblée extraordinaire n’aura jamais eu lieu, annulée et reportée. « Tous les fidèles sont venus, mais Karim Djermani a fermé la mosquée, il a eu peur que les fidèles rentrent dans le lieu de culte », résume Mohamed Messoussa, également membre du bureau de l’association, qui ajoute que le responsable de l’association a empêché les Clermontois de faire la prière du matin. Un peu plus tôt, le secrétaire général avait envoyé un second courrier pour annoncer l’annulation de la réunion à laquelle devait également participer un huissier de justice, une habitude prise par les fidèles pour parer à tout problème. Dans sa missive, Karim Djermani décrit ses opposants comme des « agitateurs (qui) ne reculent devant rien pour imposer d’autres règles. » Il écrit également que « ces individus n’ont qu’un objectif, créer les conditions du sacrilège et du trouble à l’ordre public. »