Le 14 juillet dernier, l’armée israélienne usait d’habituelles « frappes d’avertissement » ou « roof-knocking » afin de prévenir les civils d’évacuer une zone soumise aux bombardements.

Ce jour-là, en fin de journée, à Gaza, l’armée israélienne avait pris pour cible un immeuble en construction à l’ouest de la ville, soupçonné d’abriter des membres du Hamas.

Le raid israélien envoyait donc quatre premières frappes sur le toit de l’immeuble afin d’annoncer son attaque. Mais Amir a-Nimrah et Luai Kahil, deux adolescents gazaouis, y étaient assis. Un seul missile a suffit à les tuer.

Depuis, comme le révèle une enquête de Mediapart, l’armée cache ce crime de guerre. En effet, par la suite, l’armée israélienne a publié sur son compte Twitter des images des quatre frappes d’avertissement. Mais la première, celle qui a tué les jeunes hommes, n’y figurait pas. A la place, une vidéo montrait une autre frappe.

Pour établir la vérité sur les faits, le laboratoire d’investigation pluridisciplinaire Forensic Architecture et l’ONG israélienne de défense des droits humains B’Tselem, ont travaillé sur les images fournies par l’armée, mais aussi sur celles des caméras de vidéosurveillance à proximité du bâtiment et de vidéos issues des réseaux sociaux.

Leurs résultats montrent non seulement que la frappe dissimulée était bien celle qui a coûté la vie à Amir a-Nimrah et Luai Kahil, mais également que les munitions utilisées étaient des armes létales (pouvant donc blesser ou provoquer la mort d’individus). Pourtant, l’armée assure utiliser des armes non létales pour ce type de frappe.

« Les “frappes d’avertissement” sont un élément essentiel du discours de l’armée israélienne pour justifier de son éthique. Mais de tels avertissements sont parfois donnés avec les mêmes missiles que ceux utilisés ailleurs pour tuer », explique à Mediapart Eyal Weizman, directeur de Forensic Architecture.

« La vérité, au contraire, ce sont des pertes civiles dévastatrices, des opérations de surveillance incapables de distinguer les combattants des adolescents, des services de renseignement ineptes et des violations évidentes des droits de l’homme, le tout en totale impunité », dénonce aussi Hagai El-Ad, directeur général de B’Tselem.

Pour son travail, l’ONG B’Tselem a d’ailleurs reçu le 10 décembre dernier, le Prix des droits de l’homme de la République française. Une cérémonie marquée par l’absence de Nicole Belloubet, la garde des Sceaux, suite à des pressions israéliennes.