Suite aux événements de Charlottesville, Donald Trump a pris tout le monde à contrepied en renvoyant dos à dos les suprémacistes blancs et les militants antiracistes. « Je pense qu’il y a des torts des deux côtés », a estimé le président américain, qui a continué en expliquant que, à Charlottesville, « il y avait des gens très bien des deux côtés. » Une sortie qui a choqué jusqu’en France. Et pourtant, dans le pays des droits de l’Homme, la pratique qui consiste à mettre en porte-à-faux  ceux qui luttent contre les inégalités est courante. Les exemples ne manquent pas. Dans Le Figaro par exemple, le politologue Laurent Bouvet — membre fondateur du Printemps républicain — dénonçait en mai dernier, suite à la polémique de l’organisation d’un festival afro-féministe, une « dérive identitaire de l’antiracisme. » Une accusation qu’il avait déjà portée en 2015 dans le même journal à propos de l’affaire Benzema. Et cette remise en cause de la lutte antiraciste est aussi l’apanage de ceux qui disent en faire partie. En avril 2016, Alain Jakubowicz, président de la LICRA, tapait dans Libé sur les mouvements de lutte contre les discriminations en dénonçant « la supercherie antiraciste. » Et cette méthode qui consiste pour les médias et les « intellectuels » à taper sur les associations antiracistes fonctionne : selon un sondage réalisé par OpinionWay et commandé par la LICRA, plus des trois-quarts des Français estiment que les associations antiracistes ne sont « pas efficaces. » On peut donc railler Donald Trump et sa mise en accusation des organisations antiracistes. Mais le président américain ne semble, sur ce coup, que suivre le modèle français.