Le 5 novembre dernier, au petit matin, des immeubles s’effondraient rue d’Aubagne à Marseille. Un drame qui avait provoqué la mort de huit personnes. Cinq mois plus tard, ils seraient encore 700 à vivre à l’hôtel. La mairie de Marseille dit chercher des solutions, mais les rescapés de l’effondrement savent que, l’été approchant, les trente-deux hôteliers les logeant préfèreraient libérer leurs chambres pour accueillir des touristes.

Et à quelques jours du mois de Ramadan, c’est un autre problème qui attend une partie des sinistrés : comment fêter ce moment particulier pour les musulmans qui n’ont désormais plus de logement ? « Ce qu’on vit est déjà très difficile, mais ce qui m’inquiète encore plus, c’est le ramadan », explique à La Croix Youssouf, un homme d’origine guinéenne qui vit à l’hôtel avec sa famille depuis le drame. La mairie leur avait promis de trouver une solution rapide. Cinq mois plus tard, rien.

Conséquence : Youssouf ne sait pas s’il pourra faire le ramadan. Selon le quotidien, cette question taraude des centaines de personnes musulmanes délogées. « On ne peut pas faire ramadan et manger des sandwiches le soir, ce n’est pas possible », déplorent deux autres musulmans relogés à l’hôtel, qui ne pourront plus préparer les plats pour des iftars placés sous le signe du partage. Car les hôtels refusent bien souvent à leurs clients d’organiser des soirées conviviales dans les chambres.

Reste désormais à espérer un élan de solidarité. Le ramadan est, plus que les autres mois, une période d’entraide. Nul doute que les musulmans marseillais aideront leurs coreligionnaires. Pour les autres, indique l’imam Ghoul, vice-président du CRCM à La Croix, il est possible de repousser le jeûne jusqu’à ce que les conditions d’hébergement soient meilleures. Quoi qu’il arrive, ce ramadan 2019 sera spécial pour les anciens locataires des immeubles de la rue d’Aubagne.