Le Maroc vient d’interdire la production et la commercialisation du niqab, qui couvre intégralement le corps des femmes hormis les yeux, probablement pour des raisons de sécurité. Probablement, car l’information a été rapportée hier par les médias marocains, et n’a pas encore fait l’objet d’une annonce officielle. Néanmoins, le ministère de l’Intérieur aurait indiqué que la mesure prendrait effet dès la fin de cette semaine. « Nous avons frabchi l’étape de bannir totalement l’importation, la production et la commercialisation de ce vêtement dans toutes les localités du royaume », a ainsi rapporté le site Le360, citant une source haut placée du ministère de l’Intérieur.

En attendant l’interdiction du port en public ?

Une mesure motivée, selon le média, par des questions de sécurité, dans la mesure où « des bandits ont utilisé de manière répétée cet habit pour perpétrer leurs crimes ». Même si de nombreuses Marocaines sont voilées, elles affichent leur préférence pour le hijab classique, qui ne couvre pas le visage. Seules les adeptes du salafisme et des habitantes des régions très conservatrices du nord du Maroc en ont fait leur vêtement au quotidien. Le site Media24 a pour sa part assuré que lundi, les autorités avaient mené une campagne de sensibilisation dans certains quartiers commerciaux de Casablanca, le poumon économique du royaume, pour informer commerçants et revendeurs de la nouvelle disposition. A Ouislane, près de Meknès, et Taroudant, à quelque 85 kilomètres à l’est d’Agadir, ordre a été donné aux commerçants de cesser la fabrication et la vente des niqabs et de liquider leurs stocks dans les 48 heures.

Si le port du niqab sur la voie publique n’est pas – encore – concerné par la mesure, il ne fait aucun doute que le pays s’y achemine, emboîtant le pas à la France et à d’autres pays européens. Une mesure accueillie avec plus ou moins d’enthousiasme, selon les pratiques religieuses des uns et des autres. « Est-ce que le Maroc se dirige vers l’interdiction du niqab que des femmes musulmanes ont porté depuis cinq siècles ? », s’interroge, inquiet, sur Facebook, Hassan Kettani, un cheikh salafiste. « Si c’est le cas, ce serait un désastre », a-t-il ajouté. Hammad El Kabbaj, candidat salafiste controversé – pour ses liens présumés avec des extrémistes – du Parti de la Justice et de la Liberté (PJD) lors des élections législatives d’octobre dernier, a également dénoncé l’initiative, qu’il juge « inacceptable », moquant « le Maroc de la liberté et des droits de l’Homme, qui considère le port des maillots de bain occidentaux comme un droit intouchable ». Il s’agit là de réactions extrêmes. d’autres, comme l’avocate Nouzha Skalli, ancienne ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité sous le gouvernement El Fassi, a qualifié l’interdiction de « pas important dans la lutte contre l’extrémisme religieux ».