C’est un adjectif passe-partout, qui permet généralement de décrédibiliser une personne ou une entité sans avoir à se justifier : le CCIF ? Controversé. Marwan Muhammad ? Controversé. La marche contre l’islamophobie de dimanche dernier ? Controversée.
Alors que la marche se préparait, la presse n’a pas hésité, donc, à la qualifier de controversée sous prétexte qu’une partie de ses détracteurs la critiquait. Elle aurait pu « faire débat », être au cœur d’une polémique ou tout simplement être une marche historique comme le furent d’autres manifestations antiracistes. Non, il a fallu décrédibiliser la marche contre l’islamophobie sans aucune argumentation.
Car pourquoi était-elle controversée ? Parce qu’un Français de confession musulmane sur quatre affirme avoir été discriminé ? Parce que les femmes voilées sont fustigées en public par des élus du Rassemblement national sans que ça n’émeuve personne ? Parce qu’un Mohamed a bien moins de chances qu’un Michel de trouver du travail ?
Non, les détracteurs n’ont rien trouvé d’autre à redire que de lister les personnalités présentes à cette manifestation (publique, rappelons-le). Et que, parmi eux, on trouverait des proches du CCIF, qui serait proche des « islamistes » (un terme une fois encore mis à toutes les sauces) et des Frères musulmans, qui seraient proches des terroristes qui ont fait de nombreux morts en France. Le tout sans que les détracteurs n’aient à avancer une seule once de preuve ou un seul chiffre.
Il a donc fallu que ce soit les opposants à la lutte contre l’islamophobie qui imposent leur rhétorique, reprise en chœur par les médias qui ont tout fait, pour certains, pour minimiser la marche et, par la même occasion, confisquer la parole aux principaux concernés. Car pendant que défilaient des dizaines de milliers de personnes dans les rues, les polémistes proches de l’extrême droite étaient invités, sur les plateaux de télévision, à donner leur avis sur l’existence réelle de l’islamophobie. Ecœurant.