Il semble ne pas avoir digéré le recours engagé par la France insoumise contre son élection dans la 1ère circonscription de l’Essonne. Alors qu’il vient d’annoncer son départ — loin d’être une surprise — du Parti socialiste, Manuel Valls répond à Libération aujourd’hui, lors d’un entretien avec Christine Angot. Celui qui a participé pleinement au naufrage du PS estime que la gauche « est en difficulté sur les questions d’identité », et en profite pour charger le parti de Jean-Luc Mélenchon qui, selon lui, « se compromet avec l’Islam politique voire avec les islamistes ». Valls reproche notamment à son adversaire des législatives, Farida Amrani, de n’avoir « rien dit » après que Dieudonné a appelé à voter pour elle lors du second tour. « A gauche, on n’est pas à l’aise sur ce sujet-là », estime Manuel Valls. Et l’ancien Premier ministre de comparer cette situation à… l’affaire Dreyfus. « Au moment de l’affaire Dreyfus, la gauche se demande : ‘Est-ce qu’il faut défendre ce juif, militaire, bourgeois, alors que la préoccupation essentielle, c’est la classe ouvrière ?’ A gauche c’est comme ça, ce sont les termes du débat », explique l’ex-socialiste qui charge également François Hollande. L’ancien président, ajoute Manuel Valls, « n’aimait pas évoquer » les questions d’identité. Manuel Valls se targue d’être « le premier à dire » que la France est en guerre contre le terrorisme et dénonce « la complaisance à gauche à propos du terrorisme ». Cette complaisance, conclut Manuel Valls, est la conséquence d’« une gêne et une culpabilité ». « Les musulmans sont le prolétariat du XXIème siècle et en plus, il y a une question religieuse… Mais on ne peut pas être naïf », déclare Manuel Valls, qui avait semble-t-il besoin de se confier après une campagne difficile. Si jamais l’élection de Valls était invalidée, on sait d’ores et déjà que l’ex-Premier ministre pourra postuler au pôle antiterroriste, puisqu’il semble aujourd’hui connaître la raison du développement du terrorisme : l’antisémitisme qui est, explique-t-il, « le moteur idéologique du terrorisme ».