C’est tout un symbole. La deuxième édition du Féministival se tiendra les 29 et 30 septembre à la Belleviloise, à Paris, là où s’était lancé le Printemps républicain quelques années plus tôt. Or, le festival vient de perdre, à moins d’une semaine de son inauguration, sa subvention par la mairie de Paris. Maire du 20e arrondissement, Frédérique Calandra est également fondatrice du Printemps républicain. Et celle-ci reproche aux organisatrices d’avoir invité Rokhaya Diallo.

La maire du 20e aurait pris cette décision seule, regrette notamment l’adjointe à l’Égalité de la mairie, affiliée Europe Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Rivier. Frédérique Calandra, de son côté, rappelle que la subvention de 500 euros n’avait été accordée que « sur le principe. »

Les organisatrices ont pris un coup de massue derrière la tête : « Nous recherchons des financements depuis un an. La réponse de la participation de Rokhaya Diallo était pour nous une bonne nouvelle parce que c’est une personne qu’on apprécie beaucoup », explique Fatima Benomar, porte-parole de l’association Les Effronté·es. Selon elle, « la mairie du 20e nous a fait comprendre que cela n’était pas correct de l’inviter. »

Emmanuelle Rivier « trouve cela très bien que différents courants féministes puissent s’exprimer dans le cadre d’un débat républicain » et qu’il « n’y a pas lieu de supprimer la subvention. » « Le rôle de la mairie n’est pas de faire passer son message mais de faire avancer l’égalité et de faire reculer les violences faites aux femmes », ajoute-t-elle.

On est loin de l’esprit « Toujours Charlie » prôné par Frédérique Calandra. Quoi qu’il en soit, les organisatrice de veulent pas « céder au chantage. » Avec l’aide de Rokhaya Diallo, elles ont lancé une collecte en financement participatif qui a d’ores et déjà dépassé la subvention de 500 euros prévue par la mairie —près du triple de la somme prévue par la mairie. Rokhaya Diallo dénonce une « censure » de la part de la maire du 20e.

La maire et Rokhaya Diallo se connaissent bien. En 2015 déjà, la maire avait déjà évincé Rokhaya Diallo d’une conférence autour des violences faites aux femmes, organisée à la mairie du 20e. Le débat avec la militante avait finalement eu lieu mais dans une autre salle. Frédérique Calandra, qui reproche entre autres à Rokhaya Diallo d’avoir signé une pétition contre le soutien à Charlie Hebdo, avait même porté plainte pour diffamation contre la jeune femme qui contestait sa décision. Frédérique Calandra avait alors estimé que « le point de vue de Rokhaya Diallo ne peut pas représenter le féminisme. Elle est faite pour le féminisme comme moi pour être archevêque », avant de menacer : « Si un jour Mme Diallo veut débattre, pas de problème je la défoncerai. » La maire a finalement montré qu’elle préférait supprimer une subvention plutôt que le débat.